La Délégation:
Discussion privée avec Storn:
Revenu au Sweet Dove, Dirac convainc ses deux amis de retourner à Anglia Magna, mais cette fois pour aller voir Ciaran Storn directement, plutôt que de passer par le Primus. Bien que l’Université soit fermée à cette heure, Dirac et Veig persuadent le concierge de les annoncer, et sont plus tard menés à une bibliothèque du premier étage par un jeune homme à l’air mal à l’aise (ce dernier finit par cracher le morceau: il aurait vu Storn s’énerver et lancer un livre à la tête de Forsythe, comportement très inhabituel chez lui).
Dans la pièce, l’atmosphère entre Storn et Forsythe est effectivement des plus tendues, et un livre de droit romain traîne également entre eux sur le sol. Forsythe est incrédule lorsque Dirac leur annonce que lui et ses compagnons sont bien allés à la Tour de Londres; sur ces entrefaites, Storn le met à la porte. Il semblerait que contrairement à ce que les PJs aient pu supposer, le Guernicus n’est pas contre le fait de discuter du problème, et en a plutôt assez de ce que tous les autres cherchent à garder le silence. Et même s’il semble considérer un instant de faire sortir aussi Abigail, il se ravise.
Dirac lui demande s’il saurait quelque chose au sujet d’un Criamon. Storn se souvient effectivement d’un mage de cette obédience, mais vaguement — un homme du Nord, qui portait peut-être le nom d’Allistair, ou peut-être pas… En tous cas, cet homme connaissait le Rituel de Lien; cependant, il n’appartenait pas à Anglia Magna, et on ne l’a pas revu depuis une quarantaine d’années. Le Guernicus tique par contre à la mention de la Lignée de Skeith, car pour lui, Skeith est uniquement un endroit, et plus précisément un Node lié à la Pierre. Quant à Willsborough, Storn connaît ce lieu, mais le nomme « Dresca »: une ancienne Alliance, une proto-Fondation, dotée d’un Node mais détruite du jour au lendemain il y a plus de deux siècles, suite à un affrontement. Depuis, impossible d’y pénétrer: tout y a été « figé », clairement sous le coup du Paradoxe.
Au cours de cette conversation, les PJs se rendent bien compte que Storn ne va pas bien. Une pensée sefait jour: serait-il pleinement lié à un Node, et c’est cela que le terme de Pilier désignerait? Veig et Dirac se souviennent que « comme par hasard », c’est il y a quarante ans que le Node de la Tour a été scellé, et que le Node d’Anglia Magna est apparu presqu’au même moment. Par magye, tous les trois sentent que la présence Primale du Guernicus est anormalement perceptible et effectivement effroyable, son motif de Prime s’ancrant profondément dans la terre — et présentant aussi des fluctuations très chaotiques, absorbant et rejetant violemment de la Quintessence, et ce presque en permanence. Pour Abigail, il est clair que cela est en train de le tuer. Cela renforce en tous cas leur hypothèse qu’il est lié au Node de la Fondation, pour le meilleur et pour le pire.
Storn n’a pas vu le navire volant ni ce qui s’est produit vers 15h, mais a ressenti une forte fluctuation de Quintessence à ce moment précis, et l’hypothèse d’une collision avec un Royaume Umbral oublié n’est pas la chose la plus idiote à laquelle on pourrait songer. Et s’il s’agissait d’un royaume affilié à la Technocratie, et que tout ceci était un conflit interne? Cela expliquerait les réticences des Mécaniciens à collaborer même avec leurs confrères de l’Ordre de la Raison… Dans tous les cas, Storn confirme qu’Anglia Magna a demandé à la Technocratie de recevoir une délégation (diplomatie oblige…) dans la nuit et espère une réponse positive (et si les PJs sont volontaires, pourquoi pas les y ajouter?). Et c’est sur ces entrefaites qu’ils se quittent.
Intérêts particuliers et soucis de mémoire:
De retour au Bookworm, Abigail cuisine un peu Dirac au sujet de Storn: avocat au Barreau, très doué notamment en droit criminel, peu adepte des contacts physiques, plus âgé qu’il n’en a l’air… et célibataire. Cette dernière information l’intéresse particulièrement… un défi à relever ici en ce qui concerne Storn et les femmes, donc! Cela amuse et inquiète tout à la fois Veig: ce ne sera pas un parti facile, d’autant plus qu’ils ne font pas partie des mêmes sphères sociales. Inversement, vu la situation, si Abigail l’aide, qui sait ce qui pourrait en ressortir?
Dirac, peu intéressé par ces manigances romantiques, retourne à son courrier, et notamment à une lettre en particulier. Trois mois auparavant, une veuve âgée d’Oxford, Mrs. Havisham, l’avait contacté concernant un ouvrage présent dans sa famille depuis plusieurs générations, et qui aurait une réputation étrange: tous ses possesseurs ont fini morts avant l’âge, d’accidents, voire même peut-être de suicide. Or vient de lui parvenir un faire-part de décès au nom de cette même dame, survenu trois semaines auparavant — le petit-fils l’a envoyé par pure politesse, ayant il y a peu trouvé la correspondance de Mme Havisham avec le Bookworm. Dirac prépare alors une réponse, invitant l’homme à venir pour faire examiner le livre et peut-être bien le vendre.
Siote à cela, lui et Lucien descendent au Node pour effectuer un rituel combiné et tenter une psychométrie à distance sur la Pierre de Skeith. Le rituel se passe comme prévu, leur permettant de remonter de peut-être deux sièvles dans le passé… et tous deux apprennent bien quelque chose… mais dès qu’il s’achève, les deux mages sont pris de maux de tête et commencent à perdre le fil de ce qu’ils ont vu. Dirac se précipite pour tout noter avant d’oublier, chose qui est bien peu aisée, lui laissant l’impression qu’il ne sait même plus écrire. La vision impliquait des paroles qu’il remet vite à Faith afin qu’elle les traduise, pensant qu’il s’agissait de gaélique.1Oui, Dirac et Lucien ont bien vu quelque chose, et ce quelque chose s’est directement effacé de leur mémoire. Ce n’est que grâce à un bon jet de Volonté que Dirac a pu noter des bribes. Celles-ci seront mis à jour plus tard… ou pas… selon si les PJs retombent ou non sur l’info. 😉
Il met tout de suite Veig et Abigail au courant, mais ne peut leur relater que ces quelques bribes: ce qui ressort de la Lignée de Skeith l’inquiète énormément et l’a laissé avec un sale pressentiment, un simple nom (Clarick), ainsi que des souvenirs manquants, chose effrayante pour quelqu’un comme lui qui maîtrise bien la Sphère de Psyché. Ils n’ont cependant pas le temps de se poser plus de questions: chacun à son tour, ressentant un effet magyque, découvre dans sa poche ou sa bourse une enveloppe nominale contenant une lettre au ton très juridique, signée de Ciaran Storn, le convoquant immédiatement à une réunion à l’église de St. Etheldreda sur Ely Place. Abigail reçoit également une dérogation faisant d’elle une membre honoraire d’Anglia Magna à titre temporaire — de toute évidence, à présent, elle ne se fera plus refouler.
Veig aimerait bien avoir le texte que Dirac avait donné à Faith, car toute information nouvelle est précieuse, et Dirac est bien d’accord. Qu’elle n’est sa (mauvaise) surprise lorsqu’il parle à Faith et que celle-ci révèle que sur la feuille, l’endre “de mauvaise qualité” a pâli et est presque illisible. Il en va hélas de même des notes qu’avait prises Dirac, et même de la traduction que Faith avait commencé à écrire! Seuls des bouts de phrases demeurent:
« For by the radiance of the sun » / « …movement of the orbs » / « …by the mysteries of Hecate… » / « from whom we do exist, from whom we cease to be » / « here we disclaim our… » / « …right to preside over the balance of our world » / « …hereby decree that they shall forget… » / « …into oblivion » / « …and the power of the V— » (le dernier mot s’efface littéralement sous leurs yeux avant qu’ils aient pu le lire).
Dirac court mettre tout cela à l’abri dans sa bibliothèque, sans trop d’espoir cela dit. En tous cas, ils auront appris une chose: quelqu’un ou quelque chose ne veut pas que l’on puisse se rappeler ou remonter à la source de la légende de Skeith. C’est clairement un rituel complexe et puissant qui a été lancé sur ces concepts, capable d’affecter les esprits comme les écrits… et un rituel d’oubli et d’effacement, cela commence à sentir un peu le Néphandus…
Dépités, nos trois amis se mettent en route, histoire d’arriver à temps à la réunion.