Réunion au sommet
A St. Etheldreda:
Nos trois amis arrivent à l’heure au rendez-vous. Bien que l’église soit evidemment fermée, le simple fait d’approcher leurs lettres de la porte permet à celle-ci de s’ouvrir. Un registre sur un lutrin à l’entrée indique qu’il leur faut signer de leurs noms, chose que Veig fait le premier, constatant que la page redevient blanche ensuite. Dirac et Abigail n’ont pas d’autre choix que de suivre le mouvement, car autrement le grand Custos à l’air revêche de faction ne les laissera pas aller plus loin. Dirac s’exécute avec une certaine mauvaise foi, et renverse délibérément l’encrier sur le livre.
A l’intérieur sont présentes 14 autres personnes, dont 3 Custoi se tenant à l’écart. Du thé et des sandwichs ont été préparés également. A l’arrivée des PJs, tout ce petit monde se présente. Ils connaissent déjà Matthew Callaghan, fort bougon et chargé de paperasse; Storn, l’air encore moins bien que plus tôt dans la journée, appuyé sur sa canne; Ariadne, très calme et en retrait; Forsythe, discutant avec Jennings. Les autres sont deux Diacres, Roderick Miller et Percy Walker; Edna Rockwell, épouse d’un autre hermétiste pas présent en ville; Richard Griffin, Hermétiste et socialite (si,c’est faisable); Madame Christmas, une Verbena que connaît Abigail; ainsi qu’un jeune homme de petite taille connu uniquement sous le nom de Rowland, et présentement assez nerveux et distrait.
Quatorze personnes… ou quinze? Les premiers, Abigail et Veig prennent conscience de la présence d’un Eveillé âgé, assis en bout de banc un peu plus loin, regardant l’assemblée avec un léger sourire tranquille. Leur attention est cependant vite attirée par l’entrée d’autres gens, dont une jeune fille de dix-huit ans en uniforme de soubrette, qui manque de s’étaler au sol en trébuchant sur un coin de sa cape.
Mauvaises nouvelles
Au bout d’un moment, il semble bien que tout le monde est là, et Forsythe prend la parole, tandis qu’Ariadne note les minutes de la réunion. Il annonce que l’endroit a été bien sécurisé, et que tous les gens présents ce soir ont été convoqués car potentiellement aptes à faire partie de la délégation… sauf que la demande de rencontre avec la Technocratie a été rejetée, et que si quelqu’un dans l’assemblée a des éléments supplémentaires à apporter, pouvant appuyer une nouvelle demande, c’est le moment de se manifester. Dirac n’est pas surpris par la réticence des Mécaniciens à laisser d’autres qu’eux entrer à la Tour: même le Yard s’y est cassé les dents. Et lorsqu’il parle des prisonniers morts sous la torture, c’est l’indignation dans la nef.
Rowland intervient à ce moment, révélant qu’il fait partie du groupe envoyé monitorer l’Umbra; ils n’y ont trouvé personne, pas de présence ni humaine ni spirituelle, mais de l’énergie, qui a tout déchiré sur son passage — Tellurie, Goulet et Umbra. Cette “attaque” avait été lancée à distance, en provenance d’un endroit à la fois très lointain et qui n’existait pas. Ils ont remonté la source, pensant à un Royaume caché, mais n’ont rien trouvé, comme si ladite source ne pouvait être définie en termes de lieu. Ils ont par contre découvert l’émergence d’un chemin dans cette partie de l’Umbra, qu’ils ont surnommé “la Route Noire”, présente et à la fois absente. Quelques observateurs ont été laissés sur place afin de pouvoir remonter une nouvelle distorsion éventuelle, mais l’endroit les inquiète fort — ils ont vu un Esprit s’y aventurer, y rester coincé, et se faire absorber. Rowland est par contre sûr et certain que le phénomène allait vers la Tour de Londres, et non pas l’inverse.
Storn intervient aussi, catégorique sur un autre point: accès à la Tour ou pas, il faut impérativement protéger tous les Nodes, même les plus petits, et demande à ceux qui en ont de rester après la réunion afin de leur expliquer comment faire. Là, Sophie, la domestique, mentionne avoir vécu quelque chose de très curieux le matin même: en allant au Node dans la cave de la maison de sa maîtresse sur Grosvenor Square, elle a remarqué des lignes noires à l’aspect brisé qui partaient du Node, puis ont soudain disparu. En en touchant une, elle a perdu connaissance, et s’est réveillée avec un grand blanc dans la tête. Cela semble être une première nouvelle pour un certain nombre de mages dans l’assemblée.
En recoupant les informations, il ressort que d’autres personnes ont aussi vu, dans la journée, des gens qui n’auraient pas dû être là, des bâtiments apparaissant temporairement plus grands… et pas seulement dans l’après-midi: le matin et en début de soirée aussi. Tout cela dans un rayon de deux kilomètres autour de la forteresse. Les mots perçus par Dirac inquiètent beaucoup: la Technocratie aurait-elle récupéré un engin de mort? Un audit ayant été prévu le lendemain pour les autres Eveillés de la ville, on espère en apprendre un peu plus. Dirac suggère aussi à Rowland d’accompagner Sophie chez elle pour examiner le Node et les lignes noires — et fera envoyer une invitation au théâtre à la maîtresse de maison pour qu’ils aient le champ libre.
Madame Christmas, elle, fait remarquer que le Node de Grosvenor Square est pile sur la ligne tellurique entre la Tour de Londres et Tyburn Gallows — ce dernier Node, corrompu par des Néphandis et depuis surveillé par les Verbena avec l’accord d’Anglia Magna,pourrait peut-être avoir un lien avec la Route Noire et la corruption? Sophie confirme que la résonnance de son Node est clairement entropique. La discussion dérape sur la possibilité de lier des Esprits ou autres créatures à un Node. Storn, sans ciller et contre l’avis de Callaghan, n’hésite pas à dire que si cela est fait avec un esprit corrompu, alors oui, le Node sera maudit; et que si inversement, le lien est fait dans un but noble ou de sacrifice, cela s’en ressentira aussi dans a résonnance. Tyburn Gallows fait partie de la première catégorie. L’Esprit qui s’y trouve est en fait un Spectre qui se nourrit d’autres morts, et refuse de s’en aller…
Interrogée sur la Node de Willsborough, Madame Christmas est un peu surprise, car elle n’a plus entendu ce nom de puis longtemps. Il s’agissait d’un village du nord de l’Angleterre, entre Durham et Chester-le-Street; non loin de là se trouvait une Alliance, détruite vers le milieu du dix-septième siècle lors de l’affrontement entre l’Alliance et un mage de grande puissance. Depuis cette époque, son Node n’appartient plus au réseau tellurique, dont la ligne interrompue s’est recréée entrre les autres Nodes de la région. L’endroit existe et n’existe pas, on peut le voir de loin mais pas y pénétrer, et est réputé “figé”: quiconque y entre n’en ressort plus. Et Rowland de s’exclamer: « Ah, vous parlez de Dresca! » Il ne connaît qu’une personne qui peut s’y rendre, et même lui n’aime pas cela. Il y a deux ans, il a parlé à la fille de cet homme, qui a révélé que d’après son père, Dresca, « l’endroit où tout a commencé », se trouve sur l’arc de la Grande Contradiction. Rowland s’interrompt là, sous le regard très, très appuyé de Storn…
Madame Christmas connaît aussi les symboles notés par Dirac: chaque symbole représente un Node spécifique. Une vingtaine de ces symboles sont présents à Stonehenge, grand lieu de connexion. Il existait jadis tout un réseau de portes entre les Nodes, les symboles permettant d’y voyager, réseau abandonné depuis un moment déjà car devenu trop “insultant” aux yeux de la Réalité.
Pour protéger les Nodes:
A la fin de la réunion, restent ceux qui ont des Nodes à protéger ou qui voudraient simplement en savoir plus afin d’informer d’autres personnes plus tard. Dans les grandes lignes, la toile des lignes leys est plus fragile qu’on ne le pense, et le choc subi tôt le matin a ouvert une brèche. Il faut s’attendre à des débordements de Quintessence et des fluctuations dangereuses. En bref: ne pas puiser dans les Nodes, et ne surtout pas y méditer ! Anglia Magna s’engage à maintenir sous contrôle “son” Node autant que possible, et demande à tous les impliqués de ne jamais laisser leurs propres Nodes sans aucune surveillance. Un mage un minimum entraîné dans la Sphère de Prime doit y être présent en permanence, afin de contenir la Quintessence en cas de surdose — à ceux qui n’ont pas ces talents, la Fondation prêtera le lendemain matin un Talisman en forme de chaîne, mais qui ne tiendra hélas que quelques jours. Entre temps, on espère pouvoir régler le problème pour de bon…
Mr. Clock
Pendant ce temps, le vieil homme mystérieux tout de vert habillé s’est contenté de sourire, avant de regarder sa montre à gousset — montre qui, curieusement, rappelle à Dirac celle de Stockwell. Il ne semble pas menaçant ou hostile, juste très calme. Dirac se présente à lui, et apprend là qu’il se fait appeller Mr. Clock. Ils discutent un peu de la situation, et Abigail l’invite à venir prendre un dernier thé avec eux au Sweet Dove. Là-bas, force est de constater que le monsieur reste bien mystérieux, parlant constamment en termes de rouages, de mécanismes et d’horlogerie, et des rouages du monde qui se sont brisés tandis que d’autres se sont mis en action; cela dit, il est évident qu’il n’appartient pas pour autant à la Technocratie. Il aidera à réparer la situation… si son intervention s’avère nécessaire. l’homme est vraiment bvizarre, mais toujours gentil: une aura bleue et paisible, un geste aimable pour donner sa carte de visite sans adresse à Dirac, aucun motif caché malgré des efforts pour en trouver un… non, il est vraiment juste là par curiosité, en fait. Peut-être parce qu’ils sont les seuls à l’avoir invité?
Au cours de la conversation, il tend d’ailleurs aux PJs un exemplaire du Times du… lendemain 17 novembre 1880. Exemplaire dans lequel on trouve entre autres un article sur un détraqué, un certain “Veig Cargill”, qui aurait attaqué seul à mains armées la Tour de Londres, escaladé le mur et tué un garde d’une balle avant d’être abattu à son tour. L’article est juste signé “J.W.”. Abigail, elle, jette le journal à terre; en effet, elle y a vu le nom de Storn dans la rubrique nécrologique… disant qu’il est mort de maladie vers les 4 heures du matin. Mr Clock les rassure: cette édition est maintenant dépassée, ces événements n’arriveront plus aujourd’hui, car de toutes petites interventions ont déjà changé le cours du temps. Après tout, sans cette convocation à Ely Place, peut-être bien que Veig y serait allé, à la Tour de Londres..
Mais il se fait bien deux heures du matin passées. Dirac va rentrer chez lui. Mr Clock prend congé aussi, sort et s’engouffre dans une petite ruelle… une ruelle qu’aucun des trois mages n’a jamais vue à cet endroit (vérification faite, il n’y a effectivement pas de ruelle!). Quant à Abigail, avant d’aller se coucher, elle prend encore le temps de faire des petits gâteaux… qu’elle compte bien apporter à Storn le lendemain.