Moments de folie

Un programme déjà bien rempli

C’est vers 6h le lendemain matin que Dirac reçoit une missive de son avocat, proprement cryptée comme il se doit, l’informant de ce que le général Lamarr est officiellement indisponible pour cause de problèmes de dernière minute à l’académie militaire de Woolwich sur la rive sud, qui forme les officiers du Génie, de l’Artillerie et des Transmissions. Il a dû annuler tous ses rendez-vous de la journée, et il faudra s’adresser à son secrétaire pour en obtenir un nouveau. La véritable signification de la lettre est cela dit quelque peu différente — quelqu’un dans cette affaire un soupçonné de base un gros pipeau, a enquêté de son côté, et a compris que Lamarr est de fait déjà à la Tour de Londres, et donc inaccessible. Lady Lamarr, par contre, sera, elle, au Lyceum Theatre le 18 novembre à 19h afin d’assister à une représentation de Lucia di Lammermoor… et, quelle coïncidence, une loge a justement été réservée au nom de Dirac s’i d’aventure il lui prenait d’y assister, et pourquoi pas de lier connaissance avec la dame (aui, lorsqu’elle veut quelque chose, a la réputation de vite l’imposer à son mari…). Le programme de la soirée ainsi établi, Dirac fait envoyer un message à Whitehall pour annuler son rendez-vous avec Lamarr, ainsi qu’à Callaghan pour le tenir au courant.

De son côté, Abigail se rend à Lincoln’s Inn Fields, au cabinet de Storn, dans le but de lui déposer ses petits gâteaux, accompagnés d’un gentil mot. Une fois de retour au Sweet Dive, elle y retrouve Dirac et Veig — Veig qui est tout excité, ayant reçu, lui, un message de Douglas McDonnell de la Royal Challenge Society, l’informant de ce que le club a pour projet de faire ouvrir les portes de Bedlam à 18h ce soir, dans le cadre d’une garden-party improvisée. Veig serait-il intéressé de relever ce plus petit défi, afin de pouvoir rejoindre la Société? Bien entendu qu’il RSVP immédiatement! Et Veig de convaincre ses deux amis que cet événement est de la plus haute importance en matière de diversions possibles, et qu’il doit donc y aller. D’ailleurs, il fait envoyer un mot à Swift et Griffin, tant qu’à faire.

Visite de Bedlam

Veig, prenant la chose très au sérieux, rentre chez lui se grimer en personnage éduqué mais ayant connu de meilleurs jours, prêt à prendre un petit boulot pour joindre les deux bouts, et arrive au final à Bedlam vers 13h. Le portier a un peu pitié de lui face à son petit discours, et le laisse entrer dans le bâtiment principal pour qu’il puisse parler à l’administrateur, M. Lewis, qui seul peut lui accorder un emploi. Lewis n’est pas chaud au début, puis, après un beau baratin, finit par accepter, vu que Veig est d’accord pour un maigre salaire — après tout, on peut avoir besoin de gens supplémentaires pour maîtriser un patient agité ou monter la garde dans le couloir. Veig a droit ensuite à un petit entretien avec l’un des médecins, Victor Landless, qui l’amène chez le gardien, Simons, pour que ce dernier lui fasse visiter les lieux et lui explique les bases du gardiennage. Veig n’est pas sans remaquer le trousseau de clés qu’il porte…

Le vieux Simons est plutôt bavard, et Veig apprend certaines choses, pas toutes très jolies d’ailleurs. Certains médecins profiteraient des patientes… L’orage de la veille qui a agité beaucoup de malades… Le Docteur Hackner appelé à la Tour de Londres en fin de matinée pour deux soldats un peu « perturbés par l’orage »… Peu de temps après, Simons le laissant retourner seul au bureau de Lewis, l’Hermétiste en profite pour fouiller le bureau de Hackner et y trouve un message signé de Carlisle, l’enjoignant à se rendre à la Tour pour examiner « de bien curieux patients, nous espérons que vous pourrez nous éclairer sur leur folie… si c’en est bien une. » Un coup d’oeil au tableau des emplois du temps dans la salle des médecins, confirme que Hackner a annulé toutes ses consultations en interne de 11h à 18h. A se demander si cela n’est pas en rapport avec les intrus à la Tour, plutôt qu’avec les soldats…

Veig signe un contrat de trois jours, se voit remettre les clés des locaux peu importants, et prends ses fonctions de gardien à l’entrée de l’hôpital. Vers 14h30, des éclairs illuminent soudain le ciel, et le phénomène se poursuit pendant une petite demi-heure; aucune pluie, cela dit, juste cela et le tonnerre qui gronde… le tout dans la direction de la Tour de Londres, sans surprise. Une impression étrange saisit le jeune homme, celle d’être traversé par un courant, alors que la terre lui semble trembler légèrement. Pour lui, cela est clairement lié à des fluctuations de Quintessence, et le fait de l’avoir ressenti ainsi pourrait d’ailleurs indiquer la présence d’un petit Node à Bedlam.

Cherchant à percevoir ce Node, Veig se voit soudain au sommet de hautes falaises d’où tombent des cascades; au centre se débat une créature draconique enchaînée à un pilier de marbre blanc, hurlante et en colère… terrible, imposante, même lorsqu’elle prend une forme plus humanoïde, exigeant que tout cela s’arrête sous peine de « le » voir mourir. Le temps se fige un instant alors qu’elle se tourne vers Veig, comme remarquant enfin sa présence, pour lui adresser un laconique « il est à moi, Sang de Fée ». Puis tout redevient normal.

Dissimulant du mieux qu’il le peut son troubel, Veig continue sa ronde, discute avec les autres gardes, et fait plus particulièrement connaissance avec d’eux d’entre eux, John et Bernard, qu’il commence à préparer (en prévision de la diversion qu’il planifie pour 18h) en leur parlant des éclairs. Plus tard, vers 17h30, il va prendre l’air… et voit les premiers “invités” arrivés. Ni un ni deux, la diversion commence: il fait tomber la foudre sur un buisson proche du bâtiment pour y mettre le feu, et ainsi éloigner les gardes du portail. Diversion réussie: John lui confie la clé du portail afin qu’il aille ouvrir aux pompiers. Discrètement mais avec classe, l’Hermétiste va déverrouiller le portail, et fait un signe du pouce en revenant à l’addresse d’un membre de la RCS ainsi que de Swift, qui est effectivement venu pour faire un article sur l’événement. Puis il revient l’air de rien à la guitoune des gardes, où John le rejoint une fois le feu maîtrisé.

Et vers 18h, alors que dehorz retentit “God Save the Queen”, se profile sur le bâtiment l’ombre du ballon de McDonnell à la lueur des becs de gaz. Le planton de la RCS donne le signal, annonçant l’ouverture de la garden-party de Bedlam… et de se précipiter par le portail grand ouvert une armée de serveurs déposant tréteaux et plats, suivis par la fanfare, puis par les invités! Alors que ses compagnons se lèvent pour aller prévenir les médecins, Veig lève la tête, et parvient à distinguer les silhouettes de trois hommes et d’un corbeau qui se laissent glisser depuis le ballon sur la coupole de l’hôpital…

Mission accomplie pour notre jeune mage, qui se hâte de décamper avant que la police n’arrive!

Nodes et Rituels

Du côté de Dirac, il effectue dans la matinée quelques recherches sur Mme Lamarr (quelles oeuvres de charité elle soutient…) et sur Benjamin Howard (ce qui lui donne l’idée d’investir dans la Vickers lui aussi), et met à contribution Lucien pour chercher plus d’informations sur les Nodes et les flux de Quintessence en général. Vers le milieu de l’après-midi, les informations rassemblées ainsi lui permettent déterminer que, selon plusieurs théories qui se croisent, en particulier celles de Prospero1Mage Bonisagus, originaire d’Ecosse, apprenti à l’Alliance de Scapa Flow, puis parti pour le Tribunal de Normandie vers 1230:

  • Les Nodes sont le résultat du croisement de deux ou plusieurs lignes leys.
  • Les lignes leys minimes peuvent changer, bouger, s’affaiblir ou se renforcer avec le temps et/ou circonstances, de façon plus ou moins naturelle. Certains Nodes tiennent pendant très longtemps, d’autres pendant juste quelques jours ou même heures. Par contre, les gros Nodes, eux, restent stables.
  • On peut influencer le tracé d’une ligne ley par Prime, mais cela demande l’intervention d’un Maître, ainsi que des conditions spécifiques à chaque ligne, pour faciliter le changement (et inversement).
  • Changer plus d’une Ligne à la fois est extrêmement dangereux, ne s’improvise pas, et n’est faisable qu’en combinant l’action de plusieurs Maîtres (un par Ligne) dans le cadre d’un Rituel.
  • Rien ne doit interrompre le rituel (pas même puiser/méditer dans un Node); même une légère fluctuation de Quintessence pourrait l’interrompre. Si cela arrive, la ligne ley sur laquelle on travaille peut dégénérer, voire même se briser.

En bref… cela est faisable, mais pas avec les problèmes actuels à la Tour de Londres…

Edward a aussi réussi à dégotter une carte rudimentaire, sous forme de livre, des Nodes d’Angleterre, de l’Ecosse et du Pays de Galles, datant de 1837. Cette carte indique encore la Tour de Londres comme étant le Node principal de Londres, ou du moins l’un des trois plus grands; chose étrange, le Node qui correspond à Anglia Magna, par contrre, n’est indiqué que comme étant très mineur — rien à voir avec la puissance actuelle que lui connaît Dirac. Une main anonyme a annoté la carte sur ce point, indiquant un changement de puissance2En termes de jeu, ce Node est passé de 1 à 4…. Chaque Node possède également un symbole, et Dirac y retrouve ceux perçus dans son propre Node, y compris Stonehenge et Skeith, ainsi qu’un Node à Finchley au nord de Londres et et un autre à Reigate dans le Surrey.

Lucien a aussi mis la main sur un de carnet de notes incomplet, fort abîmé; une entrée de 1626 ymentionne l’Alliance de Dresca, ainsi que le succès du Rituel de Lien y ayant été appliqué par un certain Valerius Haven. L’écriture serait a priori celle d’une femme, et il est fort possible, vu son ton, qu’elle ait 1) habité dans le coin de Dresca/Willsborough, 2) connu ce Valerius et d’autres membres de Dresca Mention est faite de plusieurs personnes: « Diotima, épouse de Valerius», « Turner », et « Aaron ». L’entrée n’explique pas tous les détails du Rituel en question; soit la personne n’y a assisté qu’en observateur indirect, soit elle n’a pas voulu tout coucher par écrit. Cela corrobore en tous cas ce qui avait été sous-entendu à la réunion de la veille. Un tel Rituel implique :

  • Au moins 5 mages, tous dotés de connaissances solides dans les Sphères de Prime, Psyché, Esprit et Vie
  • Le lien doit être tissé lentement (au moins 6h de travail) sous peine que son canevas s’effiloche
  • Trois constituants sont nécessaires : le Node à renforcer, l’Esprit qui va le renforcer, et un Sacrifice. Le Sacrifice de Dresca avait pour nom « Elizabeth ».
  • Sacrifice et Esprit doivent être volontaires. Chaque parti peut imposer des conditions, et doit tomber d’accord sur ces conditions.
  • D’autres conditions sont à respecter, mais elles dépendent du type d’Esprit impliqué. A Dresca, il s’agissait d’une Dryade à composants arborés, et le rituel était à effectuer à midi à l’équinoxe de printemps. D’autres esprits impliqueraient plutôt une période nocturne et/ou hivernale (esprits terrestres/cthoniens).
  • Le rituel est facilité si le Sacrifice possède des caractéristiques en commun avec l’Esprit.