As the world fades
Bloody Tower
Les trois hommes, maintenant à l’intérieur des bâtiments, prennent soudain conscience de leur situation, qui ne semble plus aussi amusante : c’est l’atmosphère elle-même qui leur paraît maintenant oppressante, sous cette aurore boréale surnaturelle qui se trouve toujours présente, avec ce sentiment d’être assis sur quelque chose de gigantesque capable d’exploser à n’importe quel moment. De là où ils sont, sous la Wakefield Tower, ils avisent face à eux la Bloody Tower et à son arche, sous laquelle ils trouvent rapidement refuge, profitant du couvert de la semi-pénombre pour éviter les zones de lumière des flambeaux pour traverser rapidement le chemin pavé ; Liam est d’autant plus inquiet qu’il ne parvient toujours pas à réveiller Floyd. C’est là, dans les ombres, entre deux portes en vis-à-vis, qu’ils prennent quelques minutes pour évaluer leur situation, et voir comment réagit le bracelet de Wade ; à la question de Charles, celle-ci répond que le signal demeure fort instable, et qu’elle n’est pas certaine du moment exact où il pourrait redevenir plus définit (sans doute le moment où, depuis « l’autre côté », les ingénieurs enverront une nouvelle salve d’énergie). La dernière fois, en tous cas, elles étaient arrivées par la Tour Blanche ; de là à se dire qu’il faudrait se rapprocher…
Alors que Charles se tourne vers ses compagnons pour voir ce qu’il en est de Floyd, un hurlement de douleur déchire la nuit, en provenance d’une des fenêtres de la Bloody Tower, hurlement qui parvient à réveiller enfin vaguement Floyd. Un grand silence tombe sur le petit groupe. Charles, n’écoutant que son instinct chevaleresque, ne réfléchit pas, et se précipite dans l’escalier menant à l’étage de la tour, jusqu’à atteindre une porte en bois de derrière laquelle lui parviennent deux voix : la première, celle de l’homme qui vient de crier, disant « Je n’en sais rien » ; la deuxième, plus froide et implacable, celle d’un homme également, rétorque : « Pour la dernière fois, Mr Dale, où est William Thomas ? » En bas, Ada, la seule à avoir remarqué le départ de Charles, prévient ses amis, et Liam lui demande de garder un œil sur Floyd encore tout confus, tandis que lui se lance à la poursuite de Charles, espérant arriver à temps pour l’empêcher de faire une bêtise. Hélas, Charles est déjà passé à l’action, poussant la porte, qui s’ouvre sur une ancienne salle de torture visiblement encore en usage, au grand dam de Liam qui ne peut que se dissimuler dans les ombres.
A l’intérieur, Charles se retrouve face à face avec un personnage qu’il connaît de vue et encore plus de réputation, le vicomte William Campbell Ashford, l’un des nobles les plus en vue de Londres, et qui dispose de l’oreille de la famille royale. Officier de marine, il est revenu au pays il y a de cela deux semaines ; on raconte que sa femme est soudainement partie sur le continent en septembre « pour raisons de santé », et d’autres rumeurs veulent que son fils ait disparu à peu près à la même période. Lui et Charles se reconnaissent mutuellement ; Charles, voyant que Campbell est très clairement le tortionnaire de l’homme ligoté à l’unique chaise de la pièce, tente un coup de bluff et essaie de le persuader que c’est « lui » qui l’envoie (qui que puisse être ce « il » !) et qu’il faut maintenant arrêter. Malheureusement, ne disposant d’aucune information concernant la présence d’Ashford en ces lieux, il ne peut le persuader – le vicomte est là de sa propre initiative, et non parce que quelqu’un le lui a ordonné. Très calme et digne, Ashford menace d’appeler la garde si Charles ne déguerpit pas immédiatement. Le jeune homme tente alors de parlementer afin qu’il cesse au moins de passer à tabac le pauvre monsieur Dale (en fait, l’ancien majordome de la maison), qui sanglote désespérément ; là encore, Campbell, sûr de son bon droit, campe sur ses positions (et pour cause : sa présence ici, au final, résulte d’une affaire personnelle, et pas du tout de celle des « voleurs » capturés quelques jours auparavant à la Tour de Londres). Alors que Charles, ignorant ses menaces de le faire jeter en prison, se dirige vers Dale pour le libérer, Campbell, toujours aussi calme, attrape un cordon proche, le tire, et fait sonner l’alerte. Il est clair que Charles vient de se faire là un ennemi de conséquence…
Fuite
Comprenant l’urgence de la situation, Liam ne laisse pas le temps à son ami de délivrer Dale, et l’entraîne dans l’escalier pour fuir. Ils rejoignent les autres en bas, où Floyd se remet peu à peu – lançant d’ailleurs un sourire quelque peu bizarre à Leslie lorsqu’elle l’informe de ce qui se passe. Des bruits de bottes claquant sur les pavés se faisant entendre, en provenance de la direction par laquelle tous les cinq sont venus, Liam, Charles et Ada entraînent Floyd encore tout confus en direction de la Tour Blanche, leur seule issue à présent. Ils grimpent rapidement la côte ; Ada guide Leslie, déjà en train d’ajuster les fonctions réceptrices de son bracelet, tandis qu’en haut de la pente surgissent d’autres gardes, venus des Waterloo Barracks. Cinq d’entre eux mettent un genou en terre et épaulent leurs fusils. Leur route coupée, ils ne peuvent plus que sauter par-dessus le parapet tout proche, et atterrir dans les anciennes douves, afin de gagner encore un peu de temps.
Liam est le premier à sauter, suivi d’Ada, tous deux aidant Leslie à se réceptionner à son tour. Floyd ne cesse de regarder autour de lui. Charles, considérant le temps, manipule les probabilités pour que, sous la pluie, la poudre soit suffisamment mouillée et que les balles ne partent pas ; l’effet qu’il obtient est cependant fort étrange, car quatre des fusils explosent alors d’affilée. Floyd lui tend soudain la main, disant que le signal est en train de s’accroître, et l’entraîne violemment par-dessus le parapet. Le petit groupe se réfugie sous le rempart de pierre… pour voir la porte de la Tour Blanche s’ouvrir au même moment, vomissant une nouvelle troupe de soldats en uniforme. A la surprise générale, Floyd se met à donner une série de courts ordres à Leslie afin de régler leur récepteur, l’appelant au passage « Ginger » ; Liam est le premier à réaliser que Floyd est peut-être bien possédé par… quelqu’un.
Un trou dans la Réalité
Pendant ce temps, Charles tente de faire au mieux par rapport aux nouveaux gardes, et de manipuler à nouveau les probabilités de telle sorte que « comme par hasard », la fumée des fusils explosés vienne gêner leur vision. Liam s’entaille le poignet pour jeter sur ces hommes un sort similaire à celui utilisé à Bedlam et leur causer une douleur subite. Au même moment, hélas, Leslie parvient enfin à isoler un signal stable, et enclenche la fonction de rappel de son appareil. Ada a tout juste le temps de crier aux deux mages de ne surtout pas faire usage de leurs pouvoirs – trop tard.
Tout se passe alors très vite. Vent et poussière se mêlent alors, formant un tourbillon au niveau du sol qui vient s’élever à la rencontre du ciel, ciel dont les nuages bas commencent eux aussi à s’entremêler, comme si un typhon était en train de se former là sur terre. Incapables de s’arrêter, Liam et Charles voient leurs effets magyques se réaliser en même temps, et eux-mêmes en perdre totalement le contrôle. Un large tube de lumière se forme autour du petit groupe, les isolant de ce qui les entoure ; cela a au moins l’effet positif, si l’on peut dire, de les isoler également de la salve de balles que les soldats viennent de leur tirer dessus (les balles en question disparaissent lorsqu’elles touchent ce « voile » lumineux). Le son des coups de feu s’estompe, ne leur parvient plus que déformé et affaibli.
Le monde devient blanc, puis gris, puis noir. Puis les sons eux-mêmes finissent par disparaître complètement, et c’est le néant.
(A suivre dans Hollow World : This is the Way the World Ends…)