Der Hölle Rache
The Lyceum Theatre
Les trois mages arrivent un peu plus tard au Lyceum Theatre, et Liam est tout bonnement impressionné par le luxe de l’endroit. Charles reconnaît un certain nombre de personnes, comme les Devereux, qui présentent leur fille en société pour la première fois, ou encore le banquier Stapleton. Il montre à Liam comment saluer les hommes, lui indique qui sont tous ces gens, etc. Le principe ? L’opéra prépare pour ainsi dire aux bals de rentrée, permettant de savoir à peu près à quoi ressemblera le prochain « bal des débutantes ». Mais comme il le dit si bien au Verbena : « Ces gens ne savent pas qui vous êtes, alors faites-vous plaisir et snobez-les. » Et tandis que Floyd, inquiet, se demande combien de temps l’endroit et l’atmosphère vont demeurer normaux, ses deux compagnons, eux, s’en donnent à cœur joie. Charles apprend même à Liam comment glisser un pourboire à un serviteur sans en avoir l’air et sans avoir à croiser le regard dudit petit personnel.
Une fois débarrassés de leurs cannes et manteaux, on les mène vers la loge réservée à leur intention. Tout se passe de façon on ne peut plus normale, aucune présence magyque ou menaçante n’est à déplorer, et Floyd commence à se dire que ce n’est peut-être pas une confrontation, mais bien une discussion qui va avoir lieu. Nasir, lui, reste à l’extérieur de la loge, conformément aux ordres.
Hate You Hate Me
A l’intérieur de la loge (prévue pour cinq ou six personnes, sans plus, et permettant de bien voir sans trop être vus), Aidan les attend, seul. L’atmosphère se refroidit soudain considérablement. Charles a le sentiment d’avoir déjà vu ces yeux quelques part, et finit par faire le rapprochement avec l’étrange personnage rencontré dans ses rêves. Floyd présente Charles comme son « partenaire » ; quant à Liam, il s’assied le plus loin possible du vampire. Pendant un certain temps, personne ne reprend la parole, et la nervosité s’installe parmi les mages, d’autant plus que le rideau va bientôt se lever et que la loge semble un peu trop plongée dans les ombres. Finalement, Liam n’y tient plus et demande à savoir pourquoi ils sont là. « Parce que votre ami a juré que l’on se retrouverait, mais que si je m’en fie à lui, des semaines risquent de s’écouler », répond tranquillement Aidan. « Mais vous pouvez bien sûr apprécier cet opéra également. »
En fait, c’est au cours du spectacle qu’ils mènent leur discussion, discrètement et sur la durée, en dépit d’un démarrage plus que tendu. Charles donne au passage une nouvelle démonstration de son talent à la provocation en déclarant tout de go à Stockwell : « Monsieur, je ne vous aime pas et vous êtes laid. » Mais ces échanges de piques verbales, que ce soit d’un côté ou de l’autre, ne durent pas. Aidan reste maître de lui-même, et au bout d’un moment, Floyd tempère sa propre animosité, sachant fort bien qu’elle ne résoudrait rien. Liam reste par contre extrêmement tendu et distant, car la présence spirituelle de l’immortel le trouble particulièrement (du sang volé aux vivants, existant dans un corps mort : pour un Verbena, tout ceci est hautement anathème…).
Dans la mesure du possible, Aidan apprécierait fort de ne pas avoir à tuer les PJs : trop de problèmes d’ordre diplomatique en perspective, vu la situation actuelle à Londres. Il a principalement pour intention de régler leur “différend” (certainement afin de ne pas avoir les trois mages sur le dos plus tard). Gage de sa “bonne foi” concernant cette double assurance: s’il avait voulu le faire, il ne les aurait pas conviés dans un lieu aussi public qu’un opéra. (On rappellera aux joueurs de Vampire que c’est sans doute un des terrains de l’Elysium, n’est-ce pas.) Bien sûr, il n’a pas le livre avec lui. A la question directe de Liam, il répond que cet ouvrage n’a pas de prix et n’est pas “à vendre”. En fait, il prétend avoir détruit le livre, comme il l’avait promis à Floyd. Ce à quoi il n’y a bien entendu pas de preuve, mais Charles est enclin à le croire. Cela calme quelque peu la tension.
Routes divergentes
Aidan (qui se souvient tout à fait de la présence de Liam et Floyd dans ses rêves) les avertit qu’ils feraient mieux de ne plus se mêler de cette histoire de livre, ou ils pourraient le regretter, et pas forcément à cause de lui: il est des choses qu’il vaut mieux ne pas savoir du tout. En ce qui concerne Genevra (chose qui inquiète Floyd), il n’a pas d’intentions particulières envers elle… pour le moment. Tout dépendra de comment elle et son pouvoir évolueront par la suite…
Contre toute attente, c’est Floyd qui finit par suggérer une entente éventuelle quant au livre, arguant du fait que le livre semble avoir essaimé et que les conséquences en sont sans doute plus graves que ce que pense Stockwell. A ces mots, Aidan cesse de sourire, prenant une attitude plus songeuse. Il n’est pas vraiment enclin à accepter au départ : il laisse échapper qu’il a juré de ne plus entraîner qui que ce soit dans cela, et semble de plus intrigué par le fait que Floyd cherche volontairement à se fourrer dans de tels ennuis (« Si je devais vous révéler ce que je sais, vous me maudiriez jusqu’à la fin de vos jours… »). Cependant, plus tard dans la discussion, un “compromis” est finalement trouvé: si cette histoire les rattrape et qu’ils y sont mêlés ensemble malgré eux, dans ce cas, mieux vaut s’unir que s’affronter. Même si cette entente ne se ferait pas sur un pied d’égalité, puisque Aidan en sait apparemment beaucoup plus qu’eux sur le livre, et ne révèle rien d’essentiel. (Au passage, on apprend aussi qu’Aidan a connu Wolfram ; à priori, il le considérait comme « ce genre d’ennemi qu’on ne peut se résoudre à tuer. »)
Ceci réglé, Liam mentionne le Mangerêve. Aidan en a entendu parler, sans l’avoir rencontré lui-même Charles en profite pour lui demander s’il se souvient de lui, ce à quoi il reçoit une réponse négative, et finit par réaliser qu’Aidan et Ezekiel sont apparemment deux personnes différentes, du moins sur le plan de l’Oneiros. (Le plus effrayant dans cela est que Stockwell semble capable de suivre les raisonnements de Charles…) Il apparaît que de fait, Aidan connaît Ezekiel, et semble lui porter un intérêt certain. Avidité? Inquiétude? Dur à dire. « Cet enfant stupide n’en fait comme toujours qu’à sa guise », déclare-t-il. (Inutile de nier qu’ils ont un lien: non seulement ils se ressemblent physiquement comme deux frères, mais de plus leurs yeux ont la même couleur, un étrange bleu-acier que les trois mages n’ont jamais vu avant chez quiconque.)
Charles se souvient des yeux s’ouvrant dans le Mangerêve: le même bleu acier qu’Aidan et Ezekiel. Clairement, Aidan ne savait pas cela, et pour la première fois, il laisse tomber le masque pendant une ou deux secondes. « Des yeux de cette couleur sont toujours un mauvais présage… » Il n’en dira pas plus, mais alors que tout revient au Mangerêve, Liam se souvient de ce que lui avaient dit Irma et Selma, cette rumeur d’un chasseur lancé aux trousses de la créature. Stockwell semble avoir quelques soupçons, et se contente de lui dire : « Vous savez de qui il s’agit. Si vous le voyez, dites-lui qu’il commet une erreur. » Liam croit déceler là une inquiétude sous-jacente, mais pour qui — pour Ezekiel ?…
Der Hölle Rache kocht in meinem Herzen
A la fin de cette discussion, quand nos quatre personnages reportent enfin leur attention sur la pièce jouée sur scène, Floyd est soudain frappé de stupeur en entendant commencer l’aria de la Reine de la Nuit, dans l’Acte II: cette scène correspond exactement (poses et costumes aussi bien qu’actrices) au dessin fait par Genevra dans sa transe, quelques temps auparavant. « La route vient d’arriver jusqu’à nous, Stockwell », murmure Floyd. Pour lui, ainsi que pour ses compagnons lorsqu’il explique le pourquoi de sa réaction, c’est un signe indéniable que quelque chose est en marche, quelque chose d’important. La figure de la Reine pourrait bien être un avertissement, peut-être concernant le Mangerêve.
Selon le programme, l’actrice qui interprète la Reine de la Nuit se nomme Salomé Ladislaw, une voix nouvellement arrivée sur la scène mais qui, vu son talent, pourrait bien devenir parmi les plus célèbres. Pour le moment, toutefois, il semblerait qu’elle ait plus une réputation de « prostituée de luxe », comme de souvent dans ce milieu à cette époque. Floyd reste convaincu qu’il s’agit plus d’une question de symbolisme. Liam, lui, secoue la tête : sur le dessin comme sur scène, la Reine arborait le même grain de beauté sur la joue gauche, ce qui tendrait à lier la personne aussi bien que l’apparence à ce même symbolisme…
Lignes noires
La représentation prend fin ; le temps de récupérer leurs affaires, il est minuit moins le quart. Les trois mages, quittant les premiers la loge, se mêlent à la foule pour sortir. Nasir interroge du regard Charles, qui lui dit de ne rien tenter contre Stockwell pour le moment. Dehors, une certaine tension emplit l’air, des attroupements se sont formés, et plusieurs personnes ont le nez levé vers le ciel, un ciel plombé de nuages, et zébré par moments d’éclairs sans tonnerre. Ces phénomènes ont pour origine le sud-est… la direction même de la Tour de Londres, d’où semblent provenir les manifestations.
De l’autre côté de la rue, deux coches manquent soudain d’entrer en collision : l’un des chevaux vient de faire un brusque écart, comme pour éviter quelque chose sur le sol. Tandis que Liam continue d’examiner le ciel mais par le biais de l’Umbra cette fois, distinguant la très vague silhouette d’un cône inversé l’espace de quelques secondes, Charles et Floyd s’intéressent aux deux coches. Pour Floyd, il y a une relation de cause à effet : les chevaux ont évité quelque chose que même certains passants sentent, puisque plusieurs personnes changent elles aussi de direction, sans même s’en rendre compte. Faisant appel à leurs sens spirituels, les deux hommes distinguent alors sur le sol d’étranges zébrures noires serpentant çà et là de façon totalement aléatoire. Ce faisant, Charles pose accidentellement le pied sur l’une de ces lignes qui se trouvait derrière lui, et est immédiatement saisi d’un fort mal de tête. Il retire son pied dans un réflexe, mais lorsqu’il essaie ensuite de toucher le fil du doigt, sa main ne rencontre que le vide, et le fil disparaît.
Charles commence à se demander si cela n’aurait pas un rapport avec leur interlocuteur mort-vivant de la soirée, et le cherche du regard. Il croit apercevoir un peu plus loin sa haute silhouette, comme fixant le sol, immobile ; cependant, Stockwell, si c’était bien lui, se remet en route et se fond dans la foule avant que le jeune homme ait pu intervenir.
Pendant ce temps, les discussions concernant le phénomène continuent. Non loin de là, un cocher attendant son maître qui s’attarde sans doute avec une « demoiselle », échange aussi les dernières nouvelles avec l’un de ses confrères, et mentionne au passage des mouvements de police qu’il a observés dans la City tout à l’heure. Des patrouilles entières de Bobbies seraient à la recherche de deux criminels échappés… Les trois mages pensent alors aux personnes capturées à la Tour de Londres : seraient-ce elles (d’où les nouveaux phénomènes), et pourquoi une telle détermination, frisant la folie ?
Quoi qu’il en soit, aller à la Tour maintenant serait inutile et suicidaire, d’autant plus qu’il reste une autre chose à régler : donner une sépulture digne de ce nom à Sarah Valentine… et ensuite, se rendre à Waverley, où Floyd pense pouvoir trouver des réponses.