Situation critique

Storn ne semble pas convaincu, et enjoint l’Euthanatos à cesser de mentir; mais avant qu’il ait pu poursuivre, une quinte de toux plus violente que les autres le saisit, et il s’effondre sur son bureau, crachant cette fois bien plus que quelques gouttes de sang. Dans un même élan, Floyd et Forsythe se précipitent à son secours; profitant du fait que ledit Branwell se hâte d’envoyer le serviteur quérir Ariadne, le jeune médecin prend le pouls du malade, puis effectue une rapide passe pour le plonger dans l’inconscience afin qu’il n’aggrave pas son état en tentant de se remettre au travail. Forsythe est quelque peu fâché de son intervention; cependant, bien qu’il refuse de dire quoi que ce soit d’autre qu’un énigmatique “Elle ne le laissera pas mourir”, il accepte l’aide de Floyd pour emmener son associé dans la pièce attenante afin de l’allonger sur un canapé. Sur ces entrefaites arrive Ariadne, qui se précipite immédiatement au chevet de Storn, son pendule en main; à peine a-t-elle commencé à tisser sa propre magye que le pendule s’agite violemment, comme répondant aux violentes fluctuations que Floyd a senti dans le Motif vital du Quaesitor. Au même moment, à l’extérieur, un roulement de tonnerre retentit, suivi de près par un bref éclair.

Floyd exige de savoir ce qui se passe. Ariadne, elle, enjoint son époux de laisser l’Euthanatos l’aider, car elle n’y arrivera pas seule: la tâche est plus ardue que ce qu’ils avaient cru. Branwell rechigne fort à expliquer ce qui est en train d’arriver à son associé, et c’est là que Charles se dresse face à lui, outré: aussi irresponsable soit-il, tout refus d’une aide supplémentaire équivaut pour lui à condamner cet homme à mort, et il déclare à Forsythe que soit il accepte, soit lui-même le provoquera en duel. Bien entendu, Charles n’a aucune expérience des duels classiques et encore moins du Certamen. L’avocat, lui, semble véritablement partagé quant à ce qu’il doit faire, déjà qu’il n’a pas réussi à contraindre Storn à prendre du repos auparavant. Il ne peut faire autrement que révéler qu’il ne s’agit pas de la première crise de ce genre — raison pour laquelle Ariadne était présente, car elle dispose des compétences magyques nécessaires pour prodiguer des soins. Floyd renchérit en disant que la dernière fois qu’il a senti une telle agitation liée à une personne, c’était face à Woodrow, la meurtrière… et sur ce, Charles lâche par inadvertance une allusion aux Spectres, ce qui ne manque pas d’attirer l’attention d’Ariadne. Floyd ne fait qu’expliquer brièvement la chose tout en minimisant au possible son implication, et au vu de la situation d’urgence dans laquelle ils se trouvent, il est vrai que ce n’est pas le sujet le plus important pour le moment.

Quoi qu’il en soit, Charles ne démord pas de la nécessité de faire quelque chose, et il est véritablement prêt à jeter son gant si nécessaire. De la discussion quelque peu confuse qui s’ensuit, les PJs finissent par retirer qu’ils sont là face à un lien empathique qui unit Storn à quelqu’un, quelqu’un en train de souffrir atrocement, et que les manifestations orageuses à l’extérieur ne sont pas un écho de la maladie du Quaesitor, mais un écho de ce qui l’a affecté en premier lieu. Ariadne glisse à Floyd que ce lien, toutefois, n’a pas été tissé avec un être humain. Mis au pied du mur, et par les trois mages, et par son épouse qui redouble d’efforts, Forsythe finit par lâcher du bout des lèvres que Storn est pour ainsi dire leur pilier et qu’il y a bien un lien, mais jure que si jamais tout cela sort de cette pièce, il le fera payer cher aux trois jeunes mages.

Pressés par le temps, Ariadne et Floyd effectuent un diagnostic magyque. Floyd se concentre sur ce qu’il connaît le mieux — les flots d’Entropie, de Vie et d’Esprit — et découvre que c’était bien pire que ce qu’il pensait. Il demande alors le concours de Liam et Charles (et de leurs dons particuliers) pour pénétrer dans la partie onirique de l’esprit du Quaesitor et utiliser ce lien afin de mieux l’aider à lutter pour sa vie. Les deux mages acceptent, et Liam donne quelques rapides conseils à Charles, notamment celui de s’en remettre aux miroirs pour sortir s’il y a danger (il pense plus particulièrement à la présence du Mangerêves). Tandis que Floyd continue d’assister Ariadne, le Verbena ouvre une fenêtre afin de mieux se concentrer, et Charles tire sa pipe d’opium; Forsythe accorde à tout cela une attention mêlée de colère et de soupçon, mais il n’est pas vraiment en position de protester, puisque lui-même est impuissant dans une telle situation. Ce n’est qu’au bout de longues minutes que les deux Rêveurs parviennent à un état de transe suffisant pour toucher l’Oneiros… et c’est le grand saut dans l’inconnu.

Plongée onirique

Liam et Charles ouvrent les yeux sur un paysage constitué d’un épais brouillard dans lequel on ne voit pas à trois mètres, ce qui est déjà mauvais signe. Alors qu’ils tentent de percevoir les flux du Rêve pour s’orienter, le pied de Liam se pose sur ce qui semble être de la glace, glace qui craque légèrement sous ses pas; la surface est suffisamment solide pour y marcher avec précaution, mais il ne faudra pas rester plus de quelques secondes au même endroit. Pour mieux se déplacer, Charles modèle sa présence onirique afin de se doter de patins à glace, et ce n’est que de justesse que le Verbena l’empêche de faire une pirouette qui sans nul doute briserait la fine couche. Derrière eux, alors qu’ils progressent, le sol se fissure déjà légèrement.

Usant de ses dons d’Esprit, Liam tend une main pour écarter les brumes, mais se heurte à une étrange résistance d’origine clairement magyque — une défense instinctive érigée par l’esprit de Storn? A nouveau fidèle à ses lubies, Charles tente de créer une foreuse pour mieux vaincre cette résistance, et une fois encore, Liam doit l’arrêter, afin de ne pas endommager l’esprit à la frontière duquel ils évoluent; sans se démonter, Charles remplace alors son objet par… une cornemuse au tartan violet et orange, instrument dont il tire des sons atroces, espérant que cela atteindra l’esprit en question. En dépit de tout ce tapage, Liam finit par percevoir un léger bruit, celui de l’eau qui coule, entraîne Charles à sa suite, et se retrouve bientôt au bord d’un ruisseau. Tous deux entreprennent de le suivre, mais force est de constater au bout d’un moment qu’ils n’arrivent nulle part, et semblent même tourner en rond. Liam se penche et trempe ses doigts dans l’eau; légèrement rosâtre, celle-ci dégage une très légère odeur de sang…

Se concentrant, les deux mages cherchent la source, et finissent par définir une direction. Hélas, lorsqu’ils reprennent leur route, l’impression de tourner en rond se renforce. Au bout d’un moment, Liam songe à marcher directement dans le ruisseau, et cela semble débloquer une partie de la résistance rencontrée jusque là. Le brouillard finit par se dissiper devant eux, laissant voir une chute d’eau… une chute sur laquelle tous deux sont en train de marcher, défiant tout ce qui pourrait ressembler à une quelconque force de gravité. Heureusement, Charles est trop distrait, et Liam trop expérimenté dans l’Oneiros, pour laisser une telle considération les faire tomber. Ils suivent le courant en direction du pied de la chute, remarquant au passage que les parois rocheuses sont toutes tapissées d’épais et vastes ronciers.

Au bas de la chute, l’odeur de sang se fait plus forte. Liam s’avance, commençant à grimper sur la surface du lac (qui pour lui occupe la position d’un mur). A nouveau, une invisible résistance leur est opposée, et ils se retrouvent soudain à couler à pic dans les eaux sombres et puantes. Quelque chose s’enroule autour de leurs chevilles — de longues lianes aux épines acérées — et il leur faut jouer des coudes, des pieds et du couteau, pour Liam, pour s’en libérer (surtout Charles, qui a trouvé le moyen de s’engoncer dans un curieux costume rappelant étrangement un scaphandre…). Lorsqu’ils parviennent à regagner la surface, le rivage tout entier est couvert de ronces; le ruisseau reprend quelques mètres plus loin, s’enfonçant dans une forêt obscure. Charles fait apparaître une machette et tranche dans la végétation folle; au même moment, un hurlement de douleur, inhumain, retentit autour d’eux, et les ronces se convulsent, se couvrant, l’espace d’un bref instant, d’écailles irisées. Les deux mages rejoignent prudemment le ruisseau, y marchant à nouveau pour s’enfoncer dans le roncier géant. Un éclair zèbre le ciel orageux lorsque Liam doit forcer une fois encore l’invisible barrière. Enfin, au détour du ruisseau, après qu’ils ont esquivé plusieurs fois les ronces, une trouée s’ouvre à leurs yeux, dévoilant un bassin empli d’une eau sanglante, et entouré de hautes falaises abruptes d’où tombent de larges chutes de sang.

Vouivre

Au centre du bassin se dresse un immense pilier de marbre qui se perd dans les nuages. Sa longue queue serpentine enroulée étroitement autour de ce pilier, une immense créature draconienne se débat. Elle n’a que deux pattes arrières, agite désespérément ses deux grandes ailes membraneuses, et au milieu de son front s’ouvre un unique oeil, qui est en fait une émeraude. Une Vouivre! Si c’est là le pendant onirique de Storn, se dit Liam, ils ne sont pas au bout de leurs peines… Lorsqu’ils lui assurent qu’ils ne lui veulent pas de mal, la créature replie ses ailes, mais la tension et l’affolement qui l’agitent ne disparaissent pas. Avançant sur l’eau, Liam et Charles distinguent une lourde chaîne de diamant entravant les pattes de la Vouivre, et Charles modèle alors la substance onirique en un périscope afin d’observer le fond. Liam, lui, se demande tout de même pourquoi la créature s’agrippe ainsi au pilier qui apparaît pourtant comme une entrave pour elle…

Plongeant dans les eaux, les deux hommes nagent plus avant, luttant contre les remous que crée la Vouivre en se débattant. Ils parviennent à esquiver de justesse son museau lorsqu’elle plonge la tête pour les empêcher d’approcher, et atteignent finalement une paroi, qui s’avère être une haute marche d’un escalier sous-marin menant au pilier. Au “sommet”, le pilier est face à eux, et ils sont maintenant trop proches de la Vouivre, vu leur taille, pour que la tête de celle-ci puisse les toucher. Une rapide perception magyque assure à Liam et Charles que les chaînes, couvertes de runes (Liam y reconnaît un symbole qui serait peut-être d’origine picte), sont enchantées. Liam hésite tout d’abord à s’attaquer à cet enchantement; pas Charles, qui fait apparaître un grand diapason dont il utilisera les vibrations pour briser le diamant. Au moment où tous deux frappent, tentant de déliter le sort, un éclair zèbre le ciel, et la Vouivre hurle de douleur. Lorsqu’ils recommencent, même résultat; ils ont le sentiment que ce qu’ils font ne sert à rien, et que de plus, la créature devient agressive lorsqu’ils touchent à la chaîne.

Liam décide alors de tenter le tout pour le tout et, se glissant là où la Vouivre ne pourrait pas l’atteindre du tout, pose une main sur la peau écailleuse de sa queue. L’Oneiros bascule alors; il se retrouve dans le même bassin, mais face à une créature de taille beaucoup moins imposante. Si elle possède toujours une queue de serpent, enroulée autour du pilier, ses bras, son buste et sa tête sont ceux d’une femme nue, à la peau d’albâtre, aux longs cheveux verts et aux yeux transparents comme de l’eau. Sur son front, comme un oeil inversé, brille l’émeraude. Elle semble apeurée, et demande avec méfiance qui est Liam et s’il est “un de ses amis”. Comprenant qu’elle parle de Storn, il lui assure qu’il ne lui veut aucun mal. (A l’extérieur, Charles constate que la Vouivre replie les ailes et se calme un peu… Touchant l’épaule de Liam, il est alors lui aussi entraîné dans ce contact mental.) Lorsque Liam entend le nom de la femme-serpent, il en reste bouche bée pendant de longues secondes: Mélusine… rien moins que Mélusine. Elle dit qu’elle est là parce que c’est là qu’elle existe, et qu'”il” est à elle. Les deux hommes comprennent enfin ce qu’est le pilier, et pourquoi elle s’y accroche d’une façon si possessive; ils se voient forcés de l’assurer qu’ils n’essaieront plus de les séparer.

En dépit de son attitude légèrement moqueuse et surtout très jalouse, en dépit de son sourire quelque peu mauvais, Mélusine a peur, de quelque chose d’autres que de ses visiteurs. Elle saisit Liam par le poignet et, d’une voix maintenant sifflante, lui dit de transmettre un message à ceux qui sont dehors: elle veut que ce qui est en train de toucher la terre, de s’attaquer aux lignes telluriques, soit arrêté. “Leur Ordre a eu ce qu’il désirait, et moi, je l’ai eu, lui, et elle n’est plus jamais revenue. Mais qu’ils n’oublient pas tout ce qu’ils me doivent”, dit-elle. Elle est la terre, elle la sent, et en ce moment même, quelque chose la menace, quelque chose qui ne devrait pas être là. Liam réalise ce que cela implique. Le lien sympathique est de fait un pacte passé avec l’Esprit qu’est Mélusine: elle a donné sa force aux membres de l’Ordre d’Hermès de Londres, ils doivent en échange lui donner ce qu’elle désire, et il semble bien que ce qui est en train d’attaquer le Sceau sur la Tour de Londres se répercute sur la présence physique de la Vouivre. A nouveau, les doigts de l’Esprit enserrent le poignet de Liam; Mélusine exige que cela s’arrête, car ils souffrent tous les deux… et si Storn venait à mourir, alors sa colère ravagerait la terre de Londres.

Liam et Charles ne s’attardent pas dans cet endroit. Profitant de ce que la Vouivre est pour le moment prête à les laisser partir sans mal, ils se créent tous deux un miroir et, sur injonction de Liam, y plongent afin de gagner le Viaduc, au paysage nocturne maintenant dominé par une immense lune rouge. Là, Liam dit à Charles de feindre l’ignorance, de prétendre qu’ils se sont perdus dans les Rêves, quitte à passer pour des idiots incompétents, et de ne surtout pas dire à Forsythe ce qu’ils ont vu, car cela pourrait leur valoir de graves ennuis. Enfin, plongeant une seconde fois dans leurs miroirs, ils rouvrent les yeux sur le plafond de la pièce où se trouvent leurs corps.

Pacte

Pendant ce temps, les deux Euthanatoi n’ont pas chômé. Ariadne s’efforce toujours de contenir les flux anarchiques parcourant le corps de Storn, qui, à ce rythme-là, ne tiendra pas longtemps, et mourra d’un arrêt cardiaque ou d’un effondrement pulmonaire. Quand Floyd demande à la jeune femme de l’éclairer sur son cas, elle se tourne vers son époux et l’enjoint à aller s’enquérir d’un certain Jennings, pour savoir s’il sera bientôt là; Floyd en profite pour lui demander s’il a de quoi préparer une infusion. Usant des quelques précieuses minutes ainsi grappillées, Ariadne murmure qu’il est seulement possible de traiter les symptômes, pas la cause, car celle-ci les dépasse, et ce sont de brutales fluctuations de Quintessence dans le Motif vital de Storn qui sont en train de le tuer. Cela laisse Floyd stupéfait: normalement, une telle chose ne devrait même pas être possible. Ariadne ne peut rien lui dire de plus, sinon que le Quaesitor a réagi à quelque chose de si violent que l’écho s’est propagé jusqu’à lui, car à ce moment, son époux revient.

Floyd se propose d’intervenir directement sur le Motif vital du mage afin de permettre à son esprit de provoquer un sursaut, une réaction de survie. Il pense procéder par saignées, mais Ariadne l’arrête: en tenant compte du sang perdu lors des crises précédentes, cela affaiblirait encore plus Storn, et le tuerait sans doute. Cherchant une autre solution, Floyd demande alors l’assistance de Forsythe afin d’essayer de faire avaler une certaine décoction au malade; il prend la tisane qu’un serviteur a apportée avec de l’eau, et y ajoute un peu de Quintessence, sous forme de son propre sang, afin d’accroître le potentiel magyque de l’infusion. Storn continuant de tousser du sang, lui faire avale cela s’avère difficile, mais ils n’ont plus le choix; Forsythe a reçu des nouvelles entre temps, et sait que Jennings (apparemment un membre de sa Fondation, lui aussi versé dans les arts de guérison) ne sera pas là avant au moins dix bonnes minutes, peut-être plus.

Au bout de quelques longues minutes, la décoction finalement avalée, une nouvelle série de convulsions agite Storn, et cette fois, Floyd aussi bien que tous ceux présents dans la pièce perçoivent la Sensation, la fameuse présence surnaturelle qui entoure chaque mage, mais magnifiée. Floyd annonce plus qu’il ne demande, désignant Storn: “C’était lui, n’est-ce pas? Un être humain ne peut pas déployer seul une telle énergie, cela détruirait son Motif vital!” Mais pour la sécurité de tous, prétend Branwell, il ne peut rien révéler au sujet de cette “chose”, et dit à Floyd et Ariadne de simplement maintenir son associé en vie jusqu’à l’arrivée de Jennings. Il est interrompu par une nouvelle manifestation de la Sensation et, mû par un réflexe, se penche sur Storn pour ouvrir légèrement sa chemise, à la recherche de quelque chose de particulier; ce faisant, il dévoile la moitié supérieure de ce qui semble être un tatouage, placé à la base du cou, et qui émet une très légère lueur. Son regard se porte un instant sur Charles et Liam, toujours inconscients, comme s’il soupçonnait cela d’avoir un lien avec leur action. [Note: ces pics d’énergie correspondaient aux moments où les deux mages ont tenté de briser la chaîne.] Floyd examine lui aussi ce tatouage, et en déduit qu’il s’agit d’une marque servant à concrétiser un pacte. Selon lui, il faudrait rompre ce pacte pour faire cesser le curieux phénomène, mais Forsythe lui-même ne l’a pas mis en place; il ne peut ni ne veut le détruire, car la chose de l’autre côté ne le désire pas, et de plus, Storn lui-même a accepté de son plein gré de se voir imposer un tel lien.

Signé par le sang

Sachant qu’il ne convaincra pas l’Hermétiste, le jeune médecin s’efforce de maintenir en place sa propre magye. Profitant de ce que Forsythe s’intéresse d’un air soupçonneux à Liam et Charles, il dévoile la moitié inférieure du tatouage, qui forme un motif symétrique placé dans un double cercle. Il découvre aussi d’étranges cicatrices sur les épaules du Quaesitor, anciennes mais profondes, évoquant des traces qu’auraient laissées deux énormes serres. L’Euthanatos se concentre sur le symbole, cherchant un lien entre le tatouage et le monde matériel; la sensation qu’il perçoit alors lui semble provenir de derrière lui, mais aussi de l’autre côté de la fenêtre, ou encore d’au-delà même de la ligne des bâtiments visibles depuis la pièce… Plus il se focalise sur cette sensation, et plus il a le sentiment qu’elle est partout autour de lui.

Il finit par rompre le contact, pour constater que son patient paraît aller un peu mieux, ce qui lui est confirmé par Ariadne. Elle le remercie, convaincue que sans lui et ses amis, elle n’aurait pas réussi à maintenir l’avocat en vie. Floyd se sent dépassé par tout cela, d’autant plus que si ce cas parvient à inquiéter une Fondation entière, c’est qu’il est bien plus grave que ce qu’on pourrait imaginer. Lorsqu’il mentionne les anciennes cicatrices, la jeune femme confirme qu’elles sont un écho du pacte, et ajoute que ni elle, ni même son époux n’étaient nés lorsqu’il a été mis en place.

De fort mauvaise grâce, Forsythe finit par admettre que si tout cela a bien un rapport avec les troubles de la Tour de Londres, l’Ordre d’Hermès n’a hélas plus de contrôle sur cet endroit. Il regrette que les trois mages aient eu à assister à cela, et fait comprendre à Floyd que s’ils savent garder le silence, il se pourrait bien que lui-même n’ait pas à prendre de mesures drastiques, du moins pour le moment. Floyd l’assure de sa discrétion et de son respect du serment d’Hippocrate, mais rétorque toutefois que c’est donnant-donnant: au vu de la gravité de la situation, il désire plus d’informations pour pouvoir apporter son aide, car même s’il est sauvé pour le moment, Storn ne survivra peut-être pas à une nouvelle crise. Branwell ne peut lui promettre ces informations, car devant en référer tout d’abord à ses supérieurs; mais pour la première fois, son attitude semble indiquer que lui non plus n’est pas en faveur d’un tel pacte, et s’en passerait bien.

Déclarant qu’il va devoir prendre des précautions, le Quaesitor quitte un instant la pièce, y enfermant le petit groupe. Charles et Liam se manifestent à ce moment-là, qui étaient réveillés depuis un certain temps, mais ne pipaient mot. Conformément aux instructions de Liam, puisque Ariadne est toujours là, Charles prétend avec un petit rire nerveux qu’ils n’ont rien trouvé et se sont égarés, appuyé dans ces déclarations par Liam. Le Verbena, lui, remarque les cicatrices et le tatouage, et fait immédiatement le rapprochement avec le symbole aperçu sur les chaînes. Ariadne finit par dire que c’est sans doute mieux pour eux s’ils n’ont rien vu: s’il y avait tant de protections, c’est qu’il y avait une raison. Elle sait toutefois que c’est un Rituel très complexe qui a lié les deux partis, et que l’autre côté n’est pas la Tour de Londres, qui a été scellé. Elle confirme que mettre fin au pacte modifierait irrémédiablement la toile des Nodes londonienne, et que la mort de Storn aurait de fâcheuses conséquences, elle aussi, en causant le courroux de l’esprit lié.

Sur ces entrefaites, l’avocat revient avec entre les mains une décharge en bonne et due forme qui stipule (en tenant compte des échappatoires possibles, bien entendu) que tout ce qu’ils ont pu voir ou apprendre, ici ou au cours de leur voyage onirique, devra être tenu sous silence, qu’on a eu recours a eux uniquement par ce qu’il s’agissait d’une situation d’urgence, qu’ils s’engagent à ne rien divulguer, et qu’en échange, ils ne seront pas inquiétés. Forsythe exige que les trois mages le signent de leur sang, et refuse de les laisser sortir tant que cela ne sera pas fait. Bon gré mal gré, et encouragés par Liam qui cerne très bien l’importance d’un tel rituel, ils finissent par signer. C’est enfin à 16h précises qu’ils parviennent à quitter le cabinet, et à retrouver dans la rue Andrew, pile à l’heure, avec le fiacre contenant tout ce dont ils vont avoir besoin pour leur escapade à Bedlam.