Vae victoribus
Espace intérieur
Charles se trouve maintenant dans un grenier poussiéreux, tendu d’innombrables fils aussi fin que des fils d’araignée. A vrai dire, c’est bien de cela dont il s’agit, car des toiles s’étendent également au plafond et dans les angles. Il n’y a aucune porte, ni devant, ni derrière lui; seule une petite lucarne s’ouvre sur l’extérieur, laissant entrer une lumière blafarde. Sur une chaise face à lui est assise une poupée de chiffons, vieille et sale, à laquelle on a tenté de donner des cheveux bouclés, avec pour tout résultat une masse de mauvaises anglaises d’un orange criard. Charles ne sait que faire. Il se saisit tout d’abord de la poupée, puis se dirige vers la lucarne pour en essuyer la poussière du bout de sa manche et regarder ce qu’il y a dehors — en l’occurrence, rien. Etonné, il ouvre le battant et réalise que tout est blanc, aussi loin que porte son regard: il est bien dans un esprit agoraphobe craignant les espaces extérieurs. Qui plus est, la lucarne est en fait suspendue dans le vide: Charles ne distingue aucun toit pour ce grenier où il se tient. Loin, bien loin de là, sous les yeux de Floyd et Liam, les doigts de Sarah Valentine ralentissent leur mouvement, alors qu’elle se contente de fixer en silence Charles, tous deux immobiles et coupés de ce qui les entoure. Secouant la tête, le jeune homme cale alors la poupée dans ses bras, et rompt le contact.
A ce moment précis, Sarah se met à hurler; l’illusion du jardin disparaît pour de bon, remplacée par celle du grenier, qui devient un long couloir envahi par l’obscurité et les toiles d’araignées. D’un côté se tiennent les trois hommes, de l’autre l’illusionniste, prostrée au sol, vêtue seulement de la pauvre chemise de nuit qu’ils lui avaient vue lors de leur rencontre dans le premier sous-sol. Charles appelle son nom, brandissant la poupée; un air désespéré se peint sur le visage de la jeune femme, qui chancelle dans sa direction, son mouvement envoyant tout autour d’elle des ondulations qui convulsent le couloir. Il est maintenant impossible de savoir quelle longueur exactement a ce couloir, qui ne cesse de changer. Sarah les supplie de lui rendre celle qu’elle appelle “Lisa”, et de ne pas la salir; devant tant de désespoir, Charles et Liam débarrassent gentiment la poupée de la poussière et des salissures qui la couvraient, et la tendent à Sarah qui s’effondre à genoux en serrant son précieux jouet contre sa poitrine, en sanglots. Elle n’écoute plus vraiment ce qu’ils lui disent, ne répond pas lorsqu’ils lui demandent comment sortir d’ici, trop obnubilée par une seule idée: qu’ils ne salissent plus sa seule amie. Pour la rassurer, Floyd s’accroupit à côté d’elle, et lui assure que ce n’est pas grave si elle et sa poupée sont “sales”, car finalement, ils le sont tous, c’est bien là le point commun aux êtres humains, et ça ne les empêche pas de sortir, contrairement à ce que prétend Hackner. Constatant qu’elle semble l’écouter, il ajoute que c’est là une chose que le docteur, justement, ne pouvait accepter, qu’il ne lui aurait jamais rendu Lisa, et ne les auraient jamais laissées partir.
Floyd invite Sarah à partir avec eux. Pour aller où? Peu importe. Pourquoi pas Picadilly et son orchestre du dimanche, pourquoi pas Oxford Street et sa boutique de jouets pour offrir une soeur à Lisa, pourquoi pas Regent’s Park pour y voir des roses qui ne seraient pas en cage dans jardin bien trop petit de l’asile… Liam et Charles renchérissent. Elle pourrait monter à cheval, traverser Londres dans une véritable berline, voire même voler en montgolfière, puisqu’ils sont venus par ce moyen. Pourquoi n’en aurait-elle pas le droit, elle aussi? Charles saute sur ce sujet et, afin qu’elle puisse garder son esprit occupé, lui suggère justement de penser aux ballons, au moyen de les faire voler et de les diriger, peut-être. Durant leur conversation, le couloir commence peu à peu à rapetisser, à se stabiliser. Pour se rassurer, Sarah caresse les cheveux de sa poupée, mais continue d’écouter ce que lui disent les trois hommes. Charles lui explique que si elle veut monter dans un ballon, il faut qu’elle quitte ce grenier, qu’elle ne doit plus avoir peur du monde qui se trouve au dehors: “Faites-en le problème des autres: ce n’est pas vous qui devez avoir peur du monde, c’est le monde qui doit avoir peur de vous!” dit-il avec désinvolture. Il lui tend la main pour l’aider à se relever, et lui promet qu’ils viendront avec elle. Sarah accepte enfin: elle veut bien essayer. Une porte se matérialise alors dans le mur, porte que Liam va ouvrir, et tous quatre s’avancent alors pour franchir une fois encore un seuil de ténèbres — mais cette fois, espèrent-ils, vers une libération.
Le fil brisé
Charles, Liam et Floyd ouvrent les yeux. Ils sont allongés sur un sol dur et froid, dans une cellule qui pourrait bien se trouver au premier sous-sol, toujours vêtus de leurs habits et en possession de ce qu’ils avaient amené avec eux, à l’exception de leurs masques et de tout ce qui pourrait leur servir d’armes. Floyd n’a plus le dossier de Sophie Richmond, mais Liam, lui, a encore celui de Floyd, qu’il avait plié et glissé à la hâte dans sa ceinture sous sa chemise. Assise le dos au mur face à eux, Sarah Valentine contemple la ficelle rouge qui vient de se briser entre ses mains, mettant fin à son “jeu” troublant. Elle n’a plus sa poupée, et semble effrayée: ce n’est plus uniquement son subconscient, mais également la partie consciente de son esprit qui a réalisé ce qui se passait, et combien, en laissant se réveiller les trois mages, elle vient de trahir l’ordre que lui avait donné le docteur Hackner de les surveiller et de les garder hors d’état de nuire.
Comprenant que la peur pourrait bien envahir Sarah, les trois mages lui rappellent leur conversation, et elle réalise que tout cela était vrai. Ils lui promettent qu’une fois dehors, ils pourront l’aider. Charles la convainc qu’un vrai ballon les attend dehors, même s’il sait bien que McDowell n’est plus là, et que cette fois, ce n’est pas Hackner qui sera sur leur route, mais eux sur la sienne. Inquiète, Miss Valentine se lève et prend la main que lui tend Charles. Il se concentre pour lui faciliter au mieux la tâche, focalisant ses pensées sur l’image de leur aérostat. Pendant ce temps, Floyd vérifie les verrous sur la porte; “comme par hasard”, l’un d’eux n’est pas fermé, mais ce n’est hélas pas le cas des deux autres. Il semble bien qu’ils vont devoir se fier aux talents de Sarah pour manipuler l’espace, car sans les outils de crochetage de Liam, impossible d’aller plus loin.
Sarah est une jeune femme obéissante, et les trois hommes l’ont magnifiquement convaincue… en apparence. Hélas, des mois voire des années de conditionnement aux mains de Hackner et des siens ont malgré tout laissé des traces indélébiles dans sa psyché. Sans doute une partie de son inconscient restait-elle toujours persuadée de ce que quitter l’hôpital, sortir dans le monde extérieur lui serait à jamais impossible. Lorsqu’elle pose la main sur la poignée de la porte pour l’ouvrir, Floyd, Charles et Liam caressent un instant l’espoir de voir ladite porte s’ouvrir sur le toit, sur le ciel étoilé, sur la liberté; au lieu de cela, ce qui les accueille est un autre long couloir, encore plus sombre, humide et souillé que le précédent. Floyd est pris d’un frisson de terreur. Le voilà de retour au deuxième sous-sol, cette fois, comme dans ses pires cauchemars, comme lors de ces mois d’agonie qu’il a lui-même passés à Bedlam. Plus encore, un choc profond les ébranle tous les trois, car la Réalité a tourné son oeil sur l’action hautement vulgaire de Sarah et, ne pouvant la punir, vient de porter sa vengeance sur ceux qui l’accompagnaient…
Effondrement
La plus troublée dans tout cela reste néanmoins Sarah, qui s’écrie qu’elle le leur avait bien dit: elle n’y arriverait pas, elle est trop “souillée” pour cela. Le couloir face à eux n’est qu’une longue succession de cages desquelles s’échappent des grognements, des raclements de chaînes et des ricanements inhumains. Tout ceci achève de déstabiliser la jeune femme; prise de panique, incapable de trouver la volonté nécessaire pour réessayer, elle s’enfuit dans le couloir en hurlant. Les trois hommes se lancent à sa poursuite, leurs pieds s’enfonçant dans les immondices qui recouvrent le sol. D’étranges phénomènes se font jour dans le sillage de la course éperdue de Miss Valentine: les grognements dans les cages se confondent avec son cri de terreur, se muent en sanglots de femme qui semblent tout envahir, puis en supplications. Charles tente de repérer les pensées ô combien chaotiques de celles qu’ils suivent, mais il a bien du mal. Liam, lui, réalise avec horreur quels sont les bruits qui montent maintenant des cellules, des halètements presque bestiaux, qui ne laissent aucun doute quant à la nature de l’action qui les cause. A présent, grâce à ces souvenirs et empreintes psychiques qu’elle sème sur son passage, ils savent pourquoi Sarah ne cessait de répéter qu’elle était souillée. Combien de fois a-t-elle été violée ainsi, dans les ténèbres de sa prison, ils n’osent même pas l’imaginer.
Charles finit par repérer la direction qu’a prise Sarah: à gauche de l’intersection situé devant eux. Ils la retrouvent quelques dizaines de mètres plus loin dans ce nouveau couloir, à genoux au sommet d’un petit escalier d’une douzaine de marches barré par une lourde porte en fer qu’elle martèle désespérément de ses poings en suppliant qu’on la laisse sortir. Impossible de déverrouiller ladite porte, malgré leurs efforts conjugués. Floyd saisit la jeune femme par les épaules pour la calmer, mais elle est tellement paniquée qu’elle n’entend plus personne. Craignant que tout ce bruit finisse par attirer quelqu’un, il suggère de se replier vers les douches, en espérant que la rumeur d’un passage là-bas par lequel un patient se serait naguère évadée est bien fondée. Ils n’ont toutefois pas le temps de mettre ce plan à exécution: à ce moment, la porte est enfin ouverte, laissant le passage à un grand homme en uniforme d’infirmier, une lourde matraque à la main. Son regard se pose immédiatement sur Floyd et Sarah. Floyd recule immédiatement, traînant en arrière une Sarah qui se débat comme une perdue, hurlant toujours; Charles, dans un réflexe, se jette sur l’infirmier. Ce dernier lève la main sur lui, mais le jeune mage parvient à lui envoyer un violent coup de tête dans l’entrejambe, échappant ainsi de peu à un coup de matraque qui lui aurait très certainement fendu le crâne, et ne fait là que l’étourdir légèrement. Il est rattrapé par Liam, et parvient au passage à flanquer un coup de pied à l’homme effondré sur une marche, l’envoyant rouler au bas de l’escalier.
Is broken
Floyd avise du regard les déversoirs au sol, ce qui lui permet d’en déduire la direction des douches; fort énervé, Charles, lui, fouille les poches de sa “victime” pour y prendre son trousseau de clé et verrouiller à nouveau la porte. Mais il n’a pas le temps de s’exécuter, car une autre silhouette vient se découper dans la lumière qui se déverse par la porte, et cette fois, leur poursuivant est armé d’un fusil de chasse qu’il utilise pour tirer en l’air un coup de semonce. Tout se passe alors très vite. Charles fonce sur lui, cherchant à réitérer son coup de tête précédent, tandis que Liam se mord violemment la lèvre, utilisant son propre sang pour créer un effet magyque que d’ordinaire il répugne à utiliser: intensifier la douleur de leur adversaire lorsque Charles portera son coup. Encore un peu sonné, l’Orphelin ne parvient à toucher l’infirmier qu’à la jambe. Cela est toutefois suffisant pour que Liam puisse agir, et la douleur qui fuse dans les membres de l’homme est si terrassante qu’il s’écroule en hurlant dans l’escalier; dans sa chute, son doigt presse accidentellement sur la gâchette, et une deuxième balle siffle aux oreilles de Charles. Haletant, l’Orphelin parvient enfin à reverrouiller la porte, et c’est alors que les trois mages prennent conscience du silence qui les environne: Sarah a cessé de hurler et de se débattre. Elle gît effondrée dans les bras de Floyd, la poitrine en sang, touchée par la balle perdue.
Floyd prend son pouls, qui se ralentit de plus en plus. Sans ses instruments médicaux, il ne peut rien faire pour elle, et décide de tenter le tout pour le tout. Concentrant toute ses pensées vers son désir de sauver une vie, il courbe la Réalité autour de ses doigts, qu’il plonge dans les chairs de la jeune femme afin d’en extraire la balle et pouvoir au moins lui donner quelques minutes de répit. L’énergie qu’il déploie est suffisante, et sous les yeux éberlués de ses compagnons, il réussit dans un mouvement fluide à extraire le morceau de métal; hélas, la pauvre Sarah a déjà perdu trop de sang, et ce choc est de trop pour elle. Liam se précipite sur elle, parvient à effleurer son épaule du bout des doigts, et tente de rattraper son Motif vital qui se délite. Peine perdue. Ses yeux clairs ouverts sur le plafond obscur, Sarah Valentine a cessé de vivre.
Les bras ballants, Liam tombe à genoux à côté d’un Floyd tout aussi horrifié. Quelque chose se brise en Charles, face à cette mort si terrible et injuste. Comme un automate, il se saisit du fusil et entreprend de frapper la tête de l’infirmier au sol avec la crosse, encore et encore. Ce n’est que l’intervention de ses deux amis affolés qui l’empêche de mettre à mort son adversaire maintenant inconscient, et encore l’Orphelin refuse-t-il frénétiquement de lâcher son arme. Dans le lourd silence, ils contemplent un instant la scène, avant que les sons de poings martelant la porte verrouillée ne les tirent de leur léthargie. Ils se remettent alors en route, choqués. Floyd a pris dans ses bras le corps inerte de Sarah Valentine — hors de question de la laisser ici: elle qui n’a pas eu une vie heureuse, au moins mérite-elle une sépulture décente. Ils se hâtent vers les douches. Floyd n’est pas du tout certain de l’endroit où pourrait se trouver l’hypothétique passage, et c’est après de longs tâtonnements et une bonne dose de magye entropique de leur part, à lui et à Charles, qu’ils trouvent finalement un endroit où les carreaux semblent descellés. Dans un état second, Charles démolit cette partie du carrelage à coups de crosse de fusil, jusqu’à l’agrandir suffisamment pour qu’ils puissent se glisser de l’autre côté.
Une évasion peu glorieuse
Sans lumière, impossible de voir où ils vont. Charles, toujours bouillonnant de colère, passe le premier, et dérape, s’écorchant profondément l’épaule au passage; cela leur permet du moins de se rendre compté qu’il y a là un dénivelé de trois bons mètres. Liam le suit, faisant preuve d’un sens de l’équilibre à toute épreuve. Enfin, Floyd pénètre à son tour dans le trou, le corps de Sarah sur une épaule. Il leur faut s’aider de leurs genoux et de leurs coudes pour descendre, demi-mètre après demi-mètre, et ils ont tous les deux les articulations en sang lorsqu’ils arrivent enfin en bas. En bas, la puanteur est intolérable, car c’est dans une boue souillée de toutes les immondices déversées depuis l’asile qu’il leur faut avancer. Charles et Floyd s’en remettent aux sens aiguisés de Liam, qui parvient à repérer un courant d’air et à définir une direction dans laquelle se trouve vraisemblablement une sortie. Leur seule consolation est de savoir que Nasir et Andrew les attendent non loin de l’hôpital avec la berline renforcée. Charles insiste pour prendre la tête de file, et suit les indications de Liam.
Par moments, ils surprennent de discrets couinements, le son de frôlements, de petites pattes courant sur la pierre: des rats, dont quelques uns viennent mordre Liam aux chevilles, dans une attitude hautement territoriale. Plus loin, Charles trébuche à nouveau, le bout de sa botte se prenant dans un trou de collecteur; il tombe tête la première dans les eaux écoeurantes et boit la tasse, avant de vomir immédiatement ce qu’il a ainsi avalé. Curieusement, même dans de telles conditions, il n’a pas lâché le fusil. Liam finit par passer en tête du petit groupe, tâtonnant de temps à autre pour vérifier que ses camarades le suivent toujours. A force d’avancer ainsi dans l’obscurité, ils ont fini par perdre toute notion du temps. Enfin, après une éternité d’errance, Liam sent son pied heurter une marche, puis une autre. Il tend le bras; sa main se referme sur un barreau d’échelle rouillé. Enfin une sortie!
Le Verbena prévient ses amis, et grimpe, partant en éclaireur. L’échelle, qui fait environ dix mètres, mène à une plaque d’égout qui n’est heureusement pas bloquée. Un léger rai de lueur filtre — sans doute la lumière d’un bec-de-gaz. Avec prudence, Liam pousse un peu la plaque et tend l’oreille: rien. Epuisé, il doit s’y prendre à plusieurs fois pour repousser totalement la lourde plaque en fonte, et annonce à ses amis qu’ils peuvent venir. Charles lui emboîte le pas, toujours sans lâcher son arme, et accueille avec grand soulagement l’air frais et vif de la nuit; sous le réverbère, il apparaît couvert d’immondices de la tête aux pieds, une sortie bien peu glorieuse, rendue encore pire par contraste avec le magnifique plan d’action qu’il avait mis au point. Liam propose à Floyd de l’aider, mais l’Euthanatos ne l’a pas attendu; malgré le corps de Sarah sur son épaule, il parvient, faisant des pauses tous les cinq barreaux, à se hisser à son tour à l’extérieur; à la sortie, ses compagnons s’empressent de lui prendre la main et d’achever de le tirer hors du boyau.
Ils se trouvent dans une ruelle aux pavés disjoints à demi couverts de mauvaises herbes, à la périphérie de St-George-in-the-Fields. Levant la tête, Charles distingue la masse sombre du toit de l’hôpital, au-dessus de la ligne des toits des maisons basses, hôpital qui doit être à peut-être quatre cents mètres de là. Ils sont donc trop loin de l’endroit où Nasir et Andrew devaient les attendre, mais se rapprocher serait dangereux. A cet instant, Liam entend un battement d’ailes. Crumpet vient se poser sur son épaule. Pris d’une illumination, ils lui demandent d’aller porter un “message” aux deux hommes de main de Charles; après quelques menaces et surtout une négociation avec Charles impliquant plusieurs escalopes, le corbeau accepte enfin, concrétisant l’accord en… déféquant dans la main du jeune mage. Un long moment se passe, durant lequel les trois hommes n’osent piper mot, se demandant si Crumpet remplira bien sa commission (ils comptent sur ce que Nasir l’a déjà vu, et comprendra qu’il faut le suivre). Enfin, les sabots des chevaux se font entendre, et la berline arrive. Andrew ne fait aucun commentaire quant à l’aspect crotté des passagers; Nasir, lui, avise immédiatement le cadavre de Sarah et ferme les yeux, murmurant une rapide prière.
C’est dans un silence morose qu’ils s’en vont, espérant que personne ne s’avisera de les suivre, et de ce que leur petite sauterie improvisée à Bedlam n’aura pas eu encore plus de conséquences fâcheuses… car à présent, le défi lancé dans la joyeuse atmosphère de la salle à manger de la Royal Challenge Society ne semble plus glorieux du tout…