Rencontres nocturnes

Regent’s Park

Les trois mages se retrouvent assez tard pour le dîner, confrontent leurs informations, et se rendent ensuite à Regent’s Park, où avait été retrouvée assassinée Annie Kingsley, une Verbena. Le parc est censé être fermé pour la nuit, mais alors qu’ils estiment devoir faire usage de leurs “talents” afin de s’y glisser, ils se rendent compte que le portail d’entrée qu’ils comptaient ouvrir est déjà déverrouillé. Aussi discrètement que possible, notre petit groupe se glisse entre les arbres et les fourrés, en direction du plan d’eau près duquel le corps avait été retrouvé; toutefois, le Colonel à la vue fort aiguisée finit par remarquer non loin de là la lueur quasi imperceptible d’une lanterne sourde presque entièrement couverte, et fait signe à ses deux amis de ne plus bouger. Ils parviennent à entendre les bribes d’une conversation, et notamment une voix féminine se plaignant de ce que “c’est encore arrivé sur MON territoire”.

Alors qu’ils tentent de se rapprocher en silence, Floyd sent soudain une main agripper sa cape, et se retrouve nez à nez avec l’un de ses contacts, Tobias Bailey, qui n’est autre en réalité qu’un vampire du Clan Nosferatu. Bailey est fort surpris et même inquiet de voir le jeune mage en de tels lieux, peu fréquentables de nuit pour des gens de son espèce. Fort heureusement, il semble pour nos trois larrons que les deux partis en présence ont le même problème sur les bras; après avoir consulté ses compagnons, Bailey autorise finalement les mages à s’avancer.

Un nouveau corps

Par une trouée entre les arbres, ces derniers aperçoivent, allongé dans une mare de sang au pied d’une statue, le corps d’un homme à qui il manque la tête et une partie du tronc — de toute évidence, une nouvelle victime du tueur qui rôde en ce moment. Non loin de là, une femme en longue robe démodée de couleurs variées fait les cent pas, pieds nus, tandis qu’un troisième homme se tient accroupi auprès du cadavre, achevant de l’examiner. Bailey présente ses deux compagnons, Lady Alexandra Hyde et Aidan Stockwell; Hyde a clairement beaucoup de mal à se contrôler, et c’est bien sagement qu’Ed et le Colonel s’en vont discrètement examiner le corps tandis que Floyd parlemente avec les trois vampires.

L’examen du lieu du crime révèle que la victime, Timothy Martins (son nom se trouvait brodé sur la doublure de son chapeau) avait vraisemblablement rendez-vous avec son agresseur peu avant 21h, et qu’elle a tenté de lui échapper avant d’être rattrapée (deux séries de traces de pas différentes sont encore visibles dans l’herbe encore mouillée); découvrant des cheveux dans la main du cadavre, les PJs en déduisent que l’assassin est du moins un homme d’assez grande taille aux cheveux blancs. Entre deux lamentations, cris de colère et tentatives de ne pas sauter à la gorge de tout ce qui bouge, Lady Hyde se souvient avoir trouvé sur le lieu du précédent crime, près du plan d’eau, un bouton de manchette de redingote frappé du blason de la London School of Medicine. Finalement, Ed trouve aussi dans l’herbe un morceau de chaînette de montre à gousset, frappée d’un poinçon et des initiales “M.C.”. Floyd tente de dissimuler cette preuve, mais se fait prendre la main dans le sac par Stockwell, qui ne lui retire néanmoins pas l’objet: tirant sa propre montre pour mieux examiner les deux chaînettes, l’Immortel se contente de lui conseiller d’aller jeter un coup d’oeil du côté de Tottenham Court Road, située non loin du parc.

Hyde devenant de plus en plus incontrôlable, ses deux compagnons décident qu’il est temps de mettre fin à cette “entrevue”, faisant comprendre aux mages qu’il s’agit maintenant de leur problème, puisque la victime n’appartenait pas aux cercles vampiriques de la ville. Mi-figue, mi-raisin, les PJs préfèrent s’éclipser sans trop protester, et rentrent au manoir, car il est temps pour le petit Edward d’aller se coucher.

Tottenham Court Road

Néanmoins, la nuit n’est pas finie. Une fois de plus à pied, et prenant garde à ne pas croiser de patrouille de police, à présent sans doute prévenues au sujet du meurtre, Floyd et le Colonel repartent cette fois pour Tottenham Court Road. Forcés de s’abriter un temps dans l’ombre d’un porche par l’arrivée d’un policier, ils voient ce dernier s’arrêter au carrefour le plus proche pour faire ce qui semble être un rapport à un inspecteur penché à la fenêtre d’un brougham de Scotland Yard. Les deux mages se rendent compte qu’ils on bien fait de quitter très tôt le cimetière le matin même: cet inspecteur était l’un des deux hommes venus interroger la famille du défunt. Il semblerait également que le bobby de faction dans cette partie du quartier ne sache pas qui exactement les a prévenus de la présence d’un nouveau cadavre, chose qui irrite particulièrement son supérieur.

Une fois la voie libre, Floyd et le Colonel peuvent enfin gagner Tottenham Court Road. Ils ne savent trop ce qu’ils doivent y chercher, mais lorsque le Colonel avise une lueur en provenance d’une ruelle déserte perpendiculaire à l’avenue — ruelle dont il n’avait jusque là jamais remarqué la présence, bien qu’étant un habitué des lieux —, ils tentent leur chance, et se retrouvent dans une boutique d’horlogerie emplie de montres de toutes sortes et de toutes époques, qui sont toutes réglées à l’unisson et indiquent exactement la même heure (y compris un cadran solaire… à la lumière de la lampe posée dans l’atelier jouxtant la pièce principale).

L’horloger qui les accueille est un vieil homme portant un monocle fabriqué à partir d’un rouage de montre. Il se présente comme étant “Mr. Clock“, et revient régulièrement à une question qui a l’air d’être essentielle pour lui, à savoir: “Êtes-vous certain de ne pas avoir besoin d’une montre?” Les deux mages lui expliquent la raison de leur venue. Ils voient alors avec stupéfaction l’horloger se saisir d’un journal sur son bureau — le Daily Mail du lendemain, annonçant la découverte du corps. La conversation prend alors un tour qui les surprend encore plus. Ils parviennent à lui faire chercher dans son registre s’il a en effet vendu une montre à un mage médecin de son état. Mr. Clock peut leur donner trois noms, qui tous sont venus dans sa boutique à des périodes différentes: Peter Morrow (1878), un médecin qui avait mis en vente son cabinet quelques mois auparavant, Henry Wallace (1842), qui donnait des cours à la London School of Medicine jusqu’à peu, et un certain Orson Blake (1813). Ces dates fascinent Floyd, qui apprend que sa propre montre, héritée de son grand-père, vient de cette même boutique, et qu’elle aurait été achetée il y a 118 ans.

Troublés, les deux hommes s’en retournent alors chez eux, non sans avoir promis de revenir avec Edward — et se rendent compte qu’il y avait un paiement à fournir pour ces informations, puisque les voilà chacun délestés d’un point de Quintessence. La nuit étant bien avancée, Floyd se contente de laisser un message à Wilfried, lui demandant de déposer le lendemain sa carte de visite chez Ryan Swift afin de l’inviter pour le déjeuner.

Cauchemar

De son côté, Ed passe une bien mauvaise nuit, choqué par ce qui est somme toute son premier contact avec une scène de meurtre aussi proche et sanglante. Il revoit dans son cauchemar l’homme étendu mort au pied de la statue, et constate avec angoisse qu’il n’est pas seul dans son rêve: un homme enveloppé dans une cape gris clair aux étranges reflets irisés se tient à genoux à la lisière des arbres, fixant la scène de ses yeux bleu acier, et son visage marqué de plusieurs tatouages rituels n’est pas sans rappeler à l’enfant celui du dénommé Stockwell. L’homme, dans un état second, trempe ses mains dans le sang de la victime pour commencer à tracer d’étranges symboles sur la statue; il dit se nommer Ezekiel, et supplie Ed de le laisser sortir de là. Terrorisé, le pauvre gamin lutte pour se réveiller… et constate alors qu’il est 8h et qu’il est bien en retard, puisqu’il lui fallait aller chercher ses journaux à 6h. Le voilà donc à dévorer un vague petit-déjeuner avant de cavaler hors du manoir en priant pour ne pas se faire renvoyer.