Ici commence la deuxième grande partie de Hollow World, dans laquelle les PJs font plus ample connaissance avec le Monde de l’Oubli, celui-là même d’où viennent Ada et Leslie… et avec les horreurs qui sont leur lot quotidien.
La ville qui ne vivait plus
Vous qui entrez ici…
A présent totalement coupés de leur monde, Floyd, Liam et Charles chutent dans un abîme sans fond, environnés de couleurs et d’impressions qui ne signifient pas grand chose pour eux. Dans la grisaille où ils sont plongés s’élèvent soudain des sons sans cohérence ni lien apparent aucun : des pleurs de nourrisson, lointains, puis terriblement proches, puis s’éloignant à nouveau ; la voix d’une femme, élevant des supplications dans une langue inconnue d’eux ; la voix d’un garçon, parlant en cette même langue, mais bien plus menaçante, lançant ce qui pourrait bien être une série de malédictions. Le vacarme du tonnerre couvre leurs mots, alors que la chute se poursuit au cœur d’un orage, faits de violent éclairs et de nuages obscurs. Et puis, soudain, ils ouvrent les yeux, allongés sur le sol – sans pour autant aucun souvenir d’avoir heurté ce même sol.
Les voilà saisis d’une étrange impression de lourdeur. Dans l’air flotte une désagréable odeur de brûlé. Lentement, Liam se redresse, avise tout d’abord Charles effondré à ses côtés, puis Floyd, qui, déjà debout, époussète négligemment ses vêtements, avec aux lèvres une étrange phrase : « The anguish of eternity consumes my heart in everlasting agony… – Des vers qui me sont revenus en tête lorsque je suis revenu ici », déclare-t-il. Chose fort curieuse, il est à présent lui aussi vêtu d’un uniforme rouge et noir, tout comme ceux d’Ada et Leslie, et porte sur le bout de son nez une paire de besicles à monture blanche nacrée. Les deux femmes se relèvent à leur tour. Quant à Charles, il refuse pour le moment de se lever, même lorsque Floyd lui donne un petit coup méprisant du bout de sa botte. Tout de même intrigué, Charles lui demande qui il est, ce qui le trouble : il semblerait qu’il ait pour le moment du mal à rassembler ses souvenirs, en dépit de son attitude hautaine et nonchalante. Après un échange quelque peu confus, Leslie finit par le reconnaître, bien que cela lui paraisse tout d’abord fort douteux. Il s’agit du lieutenant Eric Wilson, l’un des membres de leur équipe d’exploration, qui avait été tué lors de leur arrivée fracassante à la Tour de Londres, une semaine auparavant : « Vous n’êtes pas encore débarrassées de moi », dit-il. A ces mots le sang de Liam ne fait qu’un tour, et il saisit Wilson au col pour exiger de savoir où est l’esprit de Floyd. « Oh, mais ce n’est pas une simple possession. Je n’ai fait que rectifier une erreur », répond-il. Ada lui fait face ; il la repousse d’un geste à nouveau méprisant, affirmant que de toutes manières, elle n’aurait jamais dû être à la tête de cette mission, car elle bien trop « douce » pour cela. Aucun doute à avoir dès à présent quant aux relations que Liam et Charles vont avoir avec cet homme qui occupe le corps de leur compagnon…
Wilson, toujours aussi suffisant, leur souhaite la bienvenue à Londres. Il s’interrompt toutefois juste après, car comme peut le confirmer Leslie, en fait, ils ne sont pas dans la capitale, mais ailleurs : « Le vecteur d’approche a été dévié par une source d’origine inconnue ». Tous les cinq observent alors plus attentivement leur environnement. La nuit est certes noire (il est pas loin de cinq heures du matin), mais la lueur d’une multitude de petits débuts d’incendie leur permet de voir qu’ils se trouvent dans une avenue aux demeures d’une architecture curieuse, comme si, sur des bâtisses d’un style similaire à celui de l’époque de Liam et Charles, on avait ensuite empilé plusieurs étages supplémentaires, faits de bric et de broc, de façon à s’éloigner le plus possible du sol. La zone toute entière baigne dans des résidus de miasmes d’origine magyque, empêchant Liam de déterminer si Floyd est toujours là, ou si Wilson s’est totalement débarrassé de lui. Il se rend aussi rapidement compte que la densité spirituelle de l’endroit n’est pas celle à laquelle il est habitué. Elle est plus forte… et surtout plus ciblée : pas d’Esprits, mais des âmes mortes.
…Abandonnez tout espoir
Ada se saisit de son fusil, fait signe à Leslie (qui a remis ses besicles, afin de pouvoir repérer les éventuels fantômes) de la suivre, et toutes deux commencent à avancer prudemment dans la rue, prenant bien soin de rester loin des murs qui la bordent, et faisant signe aux trois autres mages de venir aussi et de rester groupés. Wilson confirme qu’ici, la règle essentielle de survie, c’est de tirer sur tout ce qui bouge, et d’essayer de le tuer si possible. Tout l’endroit empeste littéralement l’entropie, et selon Ada, les incendies sont d’origine humaine, et pas de simples accidents : on a clairement essayé de se débarrasser de quelque chose par le feu, mais sans « nettoyer » correctement après coup.
Après quelques minutes d’exploration, Wilson et Leslie en arrivent à la même observation, et annoncent qu’il y a un « Nid » ici, et que le sous-sol ainsi que les bâtiments grouillent littéralement. A leur instigation, tous pressent le pas, se hâtant le long de l’avenue jusqu’à arriver à un bâtiment effondré qui leur cachait la vue. Une fois les décombres encore chauds escaladés, ils constatent que devant eux s’étend le parvis d’une cathédrale, qu’ils reconnaissent comme étant celle de Coventry, et que la large place est jonchée de cadavres à demi carbonisés dont la puanteur emplit l’air. Par endroits, les pavés sont aussi complètement éventrés, s’ouvrant sur des trous sombres et béants d’où émanent de curieux sons et odeurs. Aux constations de Wilson concernant le fait que ce n’est pas juste une simple déviation de vecteur, Ada répond, très terre-à-terre: « Encore heureux que nous ne soyons pas dans une zone Dispersée. »
S’avançant sur la place, ils découvrent que les maisons qui la bordent semblent avoir moins souffert des incendies; mais le reste du spectacle n’est pas pour réchauffer les coeurs ni les esprits: une charrette renversée sur le flanc, d’autres éboulis, de nombreux cadavres effondrés le long des murs… Wilson en examine un de plus près. Il est difficile de savoir ce qui l’a tué, des flammes qui ont rongé son corps ou du trou s’ouvrant dans sa poitrine, comme foré depuis l’intérieur; ce qui est toutefois certain, c’est qu’il est mort depuis une douzaine d’heures.
Wilson bricole ensuite rapidement un fil à plomb à l’aide d’une balle de revolver empruntée à Ada, afin de pouvoir disposer d’un focus si jamais il devait pratiquer d’autres analyses sur des motifs vitaux. Hélas, ce qu’il découvre de vivant, en effectuant ses repérages sur la place, est loin d’être humain: la seule trace de vie demeurant encore en ces lieux est celle des Dévorantes. Il en perçoit d’ailleurs plusieurs dans les maisons alentours. Ada intime au petit groupe de presser le pas et d’aller trouver refuge dans la cathédrale toute proche. Liam siffle Crumpet, qui ne fait pour une fois pas de commentaires acerbes, et se contente de lui signaler laconiquement qu’il y a plein de ces saloperies qui grouillent derrière eux et même sous le sol, ce que Charles, fort sérieux lui aussi, confirme.
La cathédrale de Coventry
Une fois arrivés à la cathédrale (dire que Liam n’a pas mis les pieds dans une église depuis 14 ans…), dont la porte est restée ouverte, un rapide coup d’oeil en arrière leur révèle que de longues racines sont en train de sortir du sol, d’entre les pavés et des trous ouverts. Wilson leur dit d’aller se réfugier le plus en hauteur possible, et Ada referme immédiatement la porte sur eux. Que la porte ait été ouverte est hautement anormal, mais ils n’ont plus vraiment le choix maintenant. Selon elle, ils se trouvent « sur la route de patrouille de l’Edinburgh et du Glasgow », et s’ils parviennent à tenir suffisamment longtemps et ont de la chance, ces derniers ne tarderont plus à repasser par ici et à pouvoir les aider. Même si Liam et Charles ne sont pas sûrs de tout comprendre, l’heure n’est pas encore aux questions.
Wilson emprunte le couteau de Liam, à la lame encore ensanglantée, pour graver dans la porte un sceau de protection. Le reste du groupe remonte le long de la nef, quasiment vide de bancs. Ada enfonce d’un coup de pied la porte de la sacristie et balaye l’endroit du regard, n’y trouvant personne; après cela, sur ses ordres, Leslie se dirige vers le tabernacle, d’où elle retire deux étranges pistolets (en fait, des fusées éclairantes). Il devient clair qu’en dépit des quelques symboles religieux toujours présents en cet endroit, comme le Christ en croix placé au dessus de l’hôtel, des fonctions plus utilitaires ont été attribuées à la cathédrale.
Dans son dos, Liam sent que Wilson est en train d’achever son rituel. La résonance de sa magye lui semble curieuse, à la fois similaire à celle de Floyd, et pourtant fort dissemblable — plus violente, moins chirurgicale. Le laissant terminer, ils se dirigent ensuite vers le clocher et sa plate-forme. Wilson les rejoint peu de temps après, déclarant qu’au moins les choses dehors ne pourront pas entrer. Bien malheureusement, il semblerait que l’une d’elle ait tout de même réussi: Ada désigne du bout de son fusil un cadavre affalé sur la rambarde, dans lequel tout le monde peut discerner des formes grouillantes. « Ce con est venu crever ici, » soupire Wilson en tirant de sous sa veste d’uniforme une fiole contenant une étrange poudre argentée, tandis que Wellesley arme son fusil où est insérée sa dernière charge. La mise à feu prend quelques secondes, durant lesquelles une légère vibration emplit l’air; lorsque le coup part, il n’y a que le silence, et une onde de choc spirituelle qui fait tressauter la chose au moment même où sa partie non-vivante est éliminée. Wilson verse ensuite un peu de poudre sur la plante et y met le feu. Le corps n’a pas fini de brûler qu’il le fait basculer par dessus la rambarde pour s’en débarrasser totalement, avisant par là même le pistolet éclairant qu’il cachait jusqu’alors.
Charles sent décidément la moutarde lui monter au nez, et exige qu’on lui dise pour de bon ce que sont ces horreurs. A ces mots, Wilson préfère laisser parler Ada (il paraît troublé, et comme incapable de se souvenir de tout, ou du moins de mettre toute les informations dont il dispose dans le bon ordre). Tandis qu’il s’en va faire le tour du bâtiment pour vérifier qu’un autre cadavre ne traîne pas ailleurs, Wellesley tente de résumer brièvement ce qu’elle sait à leur sujet. Les Dévorantes, parfois aussi appelées Dévoreurs, sont à la base des plantes d’origine inconnue, dans lesquelles se trouve également une composante thanatique, celle-là même qu’elle a éliminée à l’aide de son arme. Simplement mettre le feu aux plantes — le moyen physique le plus efficace pour s’en débarrasser — ne suffit pas, si l’on n’élimine pas non plus leur partie non-vivante. Il est aussi très important de ne pas laisser les Dévorantes s’assembler en Nids, car elles deviennent alors encore plus dangereuses, d’autant plus que les corps humains leur fournissent un excellent terreau… Ceci fait, Ada ramasse le troisième pistolet, encore chargé, se positionne sur la plate-forme, et tire la fusée en l’air. Liam, fort dubitatif, se demande comment un bateau pourrait bien venir ici, même en voyant ce signal…
Liam, face à l’ombre
Ada laisse ensuite Liam, Charles et Leslie et redescend l’escalier afin d’explorer les endroits que Wilson n’a pas encore pu contrôler, et essayer de trouver des réserves, car il se pourrait bien qu’ils soient tous là pour au moins un jour ou deux. Quand Eric remonte, Leslie est en train d’examiner la large rambarde de pierre. Il confirme que le sceau leur permettra de rester à l’abri pendant au moins trois ou quatre heures, et qu’il pourra le renouveler avant cela, mais Wade ne l’écoute que d’une oreille, et énonce bientôt à haute voix ce qu’elle est en train de chercher: des traces du vaisseau, car si jamais il est déjà passé, c’est plus que deux jours qu’ils auraient à rester ici, en état de siège. Cette perspective est fort peu encourageante, et le devient encore moins lorsque Wilson pointe du doigt une masse grouillante de Dévorantes, près d’un coin de mur juste à côté du carrefour par lequel le petit groupe est arrivé sur le parvis. Quand Liam s’enquiert de ce à quoi ressemble l’Umbra ici, le lieutenant hoche les épaules et lui dit de ne pas chercher à se poser de questions; bon nombre de scientifiques l’ont fait avant lui, et certains en sont devenus fous.
Charles suit ensuite Eric dans l’escalier pour aller voir ce que fait Ada. Pour la première fois, ils remarquent des traces de pas sur le sol de la nef, trop nombreuses pour être juste les leurs et celles du pauvre hère trouvé sur la plate-forme. Dans la sacristie, Ada, qui est parvenue à rassembler quelques maigres provisions et couvertures, a elle aussi trouvé des traces similaires. L’impression de ne pas être seuls se fait plus forte, mais est-elle bien réelle, ou tout ceci n’est-il que le résultat de la tension croissante? Ada met la main sur une hache dissimulée dans un meuble, et suggère de se réfugier dans le clocher même, plutôt que simplement sur la première plate-forme. Charles demande tout de même pourquoi ils ont tant tenu à revenir dans un tel monde. Seul un éclat de rire narquois de la part de Wilson lui répond, suivi par un froncement de sourcils d’Ada, qui lui ordonne de se la fermer. C’est qu’il fallait bien revenir faire leur rapport, après tout…
En haut, Liam s’est enveloppé dans sa cape et s’est assis sur une marche de l’escalier de pierre menant justement au clocher. Il tire sa montre à gousset nouvellement acquise pour s’en faire un point focal et gagner l’Oneiros, à partir duquel il veut partir à la recherche de l’esprit de Floyd. Hélas, lorsqu’il sort de sa transe, il se rend compte que ce n’est pas les Rêves qu’il a touchés, mais autre chose: il est dans une version plus sombre du monde qui l’entourait jusqu’alors, aux murs noirs et lépreux, et dans laquelle des murmures ne cessent de résonner sur toute la plate-forme. Au loin, il lui semble percevoir des gémissements, des hurlements, des voix criant de fuir, le son de coups de feu, d’autres voix, qui supplient de les aider, ou se lamentent que tout le monde va mourir ici…
Sentant une main se poser sur son épaule, le jeune Verbena se retourne en dégainant dans un réflexe la canne-épée de Floyd — canne-épée? Il lui semblait pourtant que ce n’était qu’une simple canne… Face à lui se dresse une silhouette humanoïde, sombre et fuligineuse, aux contours ondulants, comme si elle était faite de milliers de vers noirs grouillants. La créature tend les bras vers lui, presque surprise, et il lui semble qu’elle prononce ce simple mot: « Hungry! » Liam frappe dans un autre réflexe, forçant la chose, touchée, à reculer avec un long hurlement.
Entendant le bruit de la canne cognant contre le mur, Charles, Ada et Eric remontent en courant; Leslie aussi s’est retournée, laissant échapper une exclamation de surprise. Cette fois, la sensation de ne pas être seuls est très palpable. Lorsqu’ils arrivent en haut des marches, ils voient Liam porter un second coup, et sa lame ralentir un instant, comme traversant un air devenu soudain plus dense. Leslie met ses lunettes et distingue alors de quoi il s’agit. Apparemment, l’homme trouvé mort sur la plate-forme avait déjà eu le temps de se « réveiller » sous forme de Spectre, et l’impulsion thanatique lancée par le fusil de Wellesley n’avait suffi qu’à se débarrasser des Dévorantes en lui, et non pas de ce qui restait de son fantôme.
Quoi qu’il en soit, Liam se trouvant dans l’autre escalier, trop étroit, ils ne peuvent l’aider. Le jeune homme se débrouille néanmoins suffisamment bien pour se débarrasser pour de bon du Spectre, qui se disloque dans un dernier hurlement effroyable. Il recule alors sur le palier, sa perception revenant à celle du monde physique. Wilson le félicite, juste avant de lui ordonner de lui remettre la canne pour l’examiner, ce que Liam ne fait qu’après en avoir nettoyé la lame (et mordu littéralement les doigts d’Eric qui essayait de la prendre de force). Une fois la canne en main, Wilson l’en frappe au travers du visage et lui rappelle qu’ils sont sur un territoire placé sous la juridiction de l’armée… et que de telles attitudes envers un gradé comme lui pourraient bien lui valoir de graves ennuis. Puis il ignore totalement les protestations du Verbena, contemplant la canne (et les perspectives qu’ouvrent ses propriétés) d’un air ravi.
Attendre, et espérer
Pendant ce temps, Wade demande à Wellesley de venir voir le long de la rambarde, et Wilson les rejoint peu de temps après. Leslie a fin par trouver ce qu’elle cherchait: de longues traces dans la pierre, profondes, s’étalant sur plusieurs mètres de distance, et situées sur l’extérieur de la rambarde, sous le parapet. Quand Ada se penche pour les toucher de la main, une lueur étrange s’allume un instant dans les yeux d’Eric… une sombre tentation de la pousser par-dessus bord, peut-être?
Ada confirme à voix haute ce que les deux autres soldats soupçonnaient. Il s’agit bien là d’une trace d’ancre, signe qu’un vaisseau est effectivement passé par là (confusion de Charles et de Liam à ces mots). Ceci leur semble étrange, car aucun vaisseau digne de ce nom ne serait venu et reparti comme ça sans au moins nettoyer la ville de l’infection; d’un autre côté, la taille des traces révèle une ancre appartenant à un transport de moindre tonnage, qui n’avait sans doute pas l’équipement nécessaire à bord, et sera allé alerter les autorités pour revenir plus tard. Il ne leur reste plus qu’à attendre, et à espérer.
Tous montent se réfugier au clocher. Liam veut à nouveau savoir où est Floyd; Eric s’en fiche apparemment comme d’une guigne, lui disant à la place de ne pas s’amuser à faire sonner la cloche, car bien qu’aveugles, les Dévorantes sont très sensibles aux vibrations, et ceci pourrait contribuer à les attirer plus rapidement encore — surtout qu’elles avaient sans doute déjà perçu le cri du Spectre… Charles aimerait bien savoir ce que les trois soldats comptent faire pour survivre, et pendant combien de temps ils pensent pouvoir tenir. Pour Ada, le fait d’avoir trouvé un monde où les continents ne disparaissent pas spontanément est déjà un grand pas en avant. Une fois le rapport fait, les pouvoirs derrière le projet dont elle faisait partie mettront a priori en place un pont entre les deux terres. Eric et Leslie commencent d’ailleurs à exprimer un sérieux désaccord au sujet dudit projet. Wilson le qualifie de trop coûteux et de dangereux, avec les nombreux accidents qui y sont déjà survenus, sans compter l’arrivée inattendue sur le Node de la Tour de Londres et le massacre qui s’en est suivi. Toutefois, il n’a pas mieux à proposer pour le moment.
Pour tuer le temps et tromper la fatigue, Charles sort une gourde d’eau et une boîte de conserve du sac de victuailles ramené par Ada, boîte qui contient une sorte de viande à la couleur aussi bien qu’à l’odeur indéfinissables 1En d’autres termes: du Spam.. Lui et Liam suggèrent de mettre en place quelques tours de garde, car ils sentent bien qu’ils ne tiendront pas longtemps à ce rythme — et Wellesley non plus, dont la blessure à l’épaule s’était brièvement rouverte lors de leur arrivée brutale par le passage, et qui, bien que ne disant rien, n’en souffre pas moins. Elle et Liam prennent le premier tour de garde; Wilson veut faire le sien seul, ou alors avec Leslie, qui semble peu rassurée à cette perspective, et implore Charles du regard de ne pas les laisser tous les deux seuls. Durant leur tour, tandis que les trois autres se reposent, Liam examine rapidement la blessure d’Ada, qui doit admettre que Floyd Alexander a fait de l’excellent travail: elle n’aurait pas dû pouvoir bouger à nouveau aussi rapidement.
C’est alors que de curieux crissements se font entendre, en provenance de la façade est du beffroi…